Emmanuelle Villard — Galerie Les Filles du Calvaire
Présentée du 04 septembre au 25 octobre à la galerie Les Filles du Calvaire, Emmanuelle Villard propose une exposition audacieuse et généreuse où les symboles, clins d’œil et autres apprêts aguicheurs révèlent un jeu d’attirance des regards et des matériaux qui fait vivre les contraires.
« Emmanuelle Villard — Peinture, arsenic et vieilles dentelles », Galerie Les filles du calvaire du 4 septembre au 25 octobre 2014. En savoir plus C’est armée d’une belle liberté qu’Emmanuelle Villard poursuit l’exploration de son médium, superposant les matières et camouflant ses lignes de compositions sous les matériaux, les couleurs, emprisonnant et piégeant sa propre pratique sous une peinture joueuse. De véritables armures de plastiques, pareilles à des cottes de maille viennent protéger la nudité de la toile et la parent d’une épaisse couche de fard. Ses Medleys, agglomérations de strass, paillettes, perles et coquillages se font constellations de matériaux devenus pigments. C’est qu’Emmanuelle Villard assume plus que jamais le jeu de séduction de la peinture ; Peinture, arsenic et vieilles dentelles s’inscrit avec délice et malice dans la question du spectacle, et l’exposition prend des allures d’exhibition. Une énergie en acte où les tentacules de perles de ses Levés de rideaux débordent le cadre et cachent, autant qu’elles ne le découvrent, ce secret du charme. Un spectacle qui se pare de mystère avec les Scènes de crime, qui criblent de pastilles noires ou colorées les traces de voiles, colliers de perles et autres broderies inscrites en négatif.La captation vidéo de sa performance réalisée au Mac/Val développe avec pertinence les recherches d’une artiste qui sait se confronter à la question de la féminité aussi bien dans son fantasme que dans sa terrible réalité. Et le corps de ses femmes sur scène, bardé de matériaux divers, se fait simple support jusqu’à devenir monstrueux. Recouverte des apparats amassés et entassés à l’excès, la silhouette s’efface, la femme n’en est plus. Leurs bas n’étaient que pièges à rêves. Entre coulisses et lieu de représentation, les travaux d’Emmanuelle Villard oscillent pour imposer un voyage incessant qui s’achève en apothéose avec une confrontation délicieuse. D’un côté les Guignol, collages explosifs enserrés dans une toile dont les espaces vide dessinent des contours aux faux airs d’ornement décoratif naïfs, de l’autre, les saisissants Laces rappellent la force esthétique évidente de l’artiste où les motifs évanescents, peints à la bombe, se rejoignent en une composition sobre et aérienne, toujours aussi diablement séduisante.