Frédérique Lucien — Galerie Jean Fournier
Frédérique Lucien expose à la galerie Jean Fournier ses Feuiller, une série initiée en 2012 et poursuivie régulièrement jusqu’aujourd’hui qui offre une entrée de choix dans son œuvre pluriel.
Frédérique Lucien — Trames & Variations @ Jean Fournier Gallery from November 8 to December 21, 2018. Learn more Marquées par le travail de la ligne, les productions de l’artiste explorent les techniques plastiques pour inventer des images qui organisent la rencontre du géométrique et de l’organique. Une polysémie que reflète la profondeur de ses travaux, bien souvent dépeuplés et pourtant riches d’une histoire faite de rencontres, d’échanges et de communications. Autant de signes invisibles qui bruissent à travers ces lignes souples qui traversent des tableaux vibrants où les matières et teintes semblent toujours sur le point de se mouvoir. C’est ainsi à la fin des années 1990, au cours d’une plongée dans le quotidien de la ville de Budapest, s’inspirant de sa culture vivante comme de son patrimoine fulgurant que l’artiste développe ses superpositions, ces strates de motifs et couleurs qu’elle vient ici, avec son Feuiller, sculpter au scalpel.Car si elle se nourrit des ambitions décoratives de la tapisserie classique, cette série née à la suite d’une immersion au sein de La Piscine de Roubaix n’en perd pas moins de vue l’ambition expressionniste de la composition ; des découpages de Matisse aux collages plus contemporains, les Feuiller organisent une rencontre heureuse de la technique, de l’émotion et du geste simple. Les mélanges de couleurs fauves sourdent sous les premiers plans monochrome, les motifs de tissus barrent les lignes épineuses et sauvages de ses fleurs, passant tour à tour du premier plan au second, s’effaçant dans la grille ou s’exilant hors d’elle. À l’inverse de l’herbier traditionnel, Frédérique Lucien introduit ainsi de la profondeur et laisse émerger, en négatif, un volume qui déstabilise le regard et joue de la plasticité de son support pour signifier à plein ce plaisir communicatif de faire éclore les associations inattendues pour inventer un abécédaire muet de plantes rêvées.
L’histoire n’étant jamais éloignée de sa pratique, c’est son père qui lui fait découvrir l’entomologie à travers ses activités professionnelles, installant en elle un goût pour l’inventaire qui perce tout au long de son travail et plus encore ici avec, en contrepoint, ce goût du contre-pied et le sentiment que la fantaisie et l’émotion l’emportent définitivement sur la documentation.
Une invention qui transparaît nettement dans les deux cimaises proposant des ensembles d’œuvres bigarrées où techniques, formats et motifs se croisent, s’entremêlent en une variation radicale de formes. Autour de la fleur, les propositions s’empilent comme autant d’affirmations suspendues, autant d’inventions singulières que leur proximité érige au rang d’armée.
Une cohorte d’idées donc, qui puise dans l’histoire du graphisme la liberté de tonalité, la volonté d’expérimentation frontale de la forme pour aboutir à une multiplication joyeuse et méticuleuse des images possibles.