Koka Ramishvili — Galerie Eva Meyer
La galerie Eva Meyer présente du 4 mai au 17 juin Fragments from The Garden, une exposition personnelle de Koka Ramishvili, artiste protéiforme qui nous projette au cœur du silence de la lumière.
Fragments from the Garden — Koka Ramishvili @ Eva Meyer Gallery from May 4 to June 17, 2017. Learn more Né en 1956 à Tbilissi dans l’actuelle Georgie, Koka Ramishvili explore depuis près de trente ans les possibilités de l’image et a composé un œuvre pluriel où l’abstraction, si elle semble avoir pris le pas sur le signe, n’en est pas moins concurrencée par les surgissements du monde dont ses images ne se départissent jamais. Fort d’un œuvre qui mêle photographies, vidéos, installations, peintures, dessins ou sculptures, Koka Ramishvili, qui a représenté la Georgie lors de la Biennale de Venise en 2009, ne cesse de perturber ses propres codes pour, à son tour, refléter la complexité essentielle de la perception, celle-là même qui passe nécessairement par la lumière.Critique sociale, interrogation sur notre liberté et questionnement de notre rapport au monde, autant de perspectives familières à l’artiste que cette seconde exposition personnelle à la galerie Eva Meyer réactive en présentant trois séries d’une grande sobriété, qui dialoguent autour d’une même question, la lumière. Photographies et peintures se complètent ainsi dans une réflexion où les premières explorent, à travers l’objectif photographique, la possibilité de capturer une matérialité de la lumière tandis qu’une machine en rotation constante semble la piéger et s’en servir pour luire à son tour. Dans ses tableaux faits d’une alliance ingénieuse d’huiles et d’ambre, les couleurs vibrent et renvoient à leur tour cette lumière presque vivante qu’elles semblent attirer autant qu’attiser. Pensée comme une installation, cette série de petites toiles partitionnent l’espace tout en profitant de ses vides, de ses angles et de sa lumière pour y exprimer un rythme sensible qui guide et soutient le regard.
Prenant à rebours chacun des médiums qu’il utilise, Koka Ramishvili va jusqu’à réduire la surface de la toile de ses peintures en les recouvrant de marges blanches qui, conjuguées à la couleur, en soulignent la force mais aussi le nécessaire apprivoisement. Si la représentation s’accompagne d’une imposition d’un angle pour le regard du spectateur, Koka Ramishvili double ici cette contrainte en laissant planer le doute sur ce fragment de réel reproduit. Celui-ci apparaît ainsi comme un détail d’une photographie, dépouillé de tous ses repères spatio-temporels ajoutant une surface aveugle qui occulte l’image et crée un hors-champ assumé, voire imposé. Abandonnant ici les trames hyperréalistes qu’elle pouvait supporter dans son œuvre, la toile devient le lieu d’une abstraction du réel, un vol ou au contraire l’acte d’en magnifier un détail pour lui offrir son véritable éclat. Les fleurs de ce « jardin » évoqué dans le titre de l’exposition sont ainsi à découvrir en négatif, irradiant l’espace de la galerie mais elle-même semblant obstruer un faisceau de lumière qui semble émaner des profondeurs de la toile même. De même, sa sculpture, détourne la traditionnelle plante verte pour la sculpter dans un bois monochrome et participer de cette atmosphère suspendue qui émane de l’espace d’exposition, où l’organique se voit déjoué pour être finalement réinterprété et surtout « re-produit ».
Avec une sobriété radicale, Koka Ramishvili renouvelle ainsi son vocabulaire artistique pour réaliser, avec Fragments from the Garden, une véritable installation globale moins frontale qui brille néanmoins d’autant par son jeu constant sur l’espace d’exposition et cette retenue éloquente qui semble la traverser, si ce n’est la transpercer, de part en part.