Vue de l’exposition Louis-Cyprien Rials, Par la fenêtre brisée, commissariat : Aurélie Faure, galerie Éric Mouchet, Paris, 2019
© Rebecca Fanuele
Louis-Cyprien Rials — Galerie Eric Mouchet
Le jeune artiste français, lauréat du Prix SAM pour l’art contemporain 2017, parcourt dans le monde entier des territoires abandonnés et des zones de conflit. Son travail, qui interroge notre rapport à la violence, est présenté à la galerie Eric Mouchet à Paris à travers installations, photographies et films inédits.
« Louis-Cyprien Rials — Par la fenêtre brisée », Galerie Eric Mouchet du 16 mars au 20 avril 2019. En savoir plus La singularité du travail de Louis-Cyprien Rials dévoilée dans cette exposition réside dans sa façon de voir la violence là où notre regard ne la chercherait pas avec évidence : dans le calme et le vide. Questionnant l’insaisissable, à la manière d’une ruine ou d’une empreinte, les œuvres exposées composent un ensemble cohérent. Les deux films se font particulièrement écho. Le premier, Mogadiscio, montre en plans fixes une plage idyllique dénuée de présence humaine, dans la région de Mogadiscio en Somalie, un pays agité par la guerre civile. Ce n’est qu’avec une forme d’inquiétude que nous nous laissons aller à la tranquillité de ce lieu paradisiaque. Le son paisible des vagues qui se déroulent sur le sable et celui des feuilles de palmier que le vent malmène se confondent petit à petit à un bruit de mitraillettes. Signe d’un conflit lointain ou vestige du passé ? La violence n’est pas montrée mais seulement suggérée et
Vue de l’exposition Louis-Cyprien Rials, Par la fenêtre brisée, commissariat : Aurélie Faure, galerie Éric Mouchet, Paris, 2019
© Rebecca Fanuele
en devient d’autant plus angoissante.
Le second film, Résistance, dresse un parallèle entre deux sites de commémoration religieux : la Colline des Croix, un lieu de pèlerinage catholique en Lituanie et le Hezbollah Resistance Museum, un musée libanais en plein-air proche de la frontière avec Israël. Entassement de croix latines en bois campées sur une colline, d’un côté de l’écran, anciennes armes et munitions de l’armée israélienne jonchant le sol, de l’autre. En saisissant ces paysages habités par l’absence, Louis-Cyprien Rials semble chercher dans ce qui n’est plus, une vérité parmi d’autres, un témoignage, un fragment d’histoire à raconter ou le seuil d’un rêve caché.
Bien que l’ensemble puisse paraître disparate au premier regard, les œuvres exposées sont à envisager comme les échos d’une même mélodie. L’exposition, faisant naître ces résonances, est donc à l’image du travail de l’artiste qui semble créer un réseau de signes à décrypter.
