Take Care — La Ferme du Buisson, Noisiel
Les œuvres réunies au Centre d’art contemporain de la Ferme du Buisson, présentées pour la première fois en France, ont toutes en commun d’aborder le care (« soin »), une notion issue de la théorie féministe anglo-saxonne qui entre peu à peu sur la scène artistique française.
« Take Care — Exposition collective », La Ferme du Buisson, Centre d’art contemporain du 3 mars au 21 juillet 2019. En savoir plus L’ambition était de taille mais le défi est relevé. La commissaire canadienne Christine Shaw, après avoir mené pendant un an et demi à Toronto un programme de résidences, ateliers, expositions et publications, est à l’origine de cette exposition collective qui propose une réflexion sur le care à travers les œuvres de neuf artistes contemporains. Prendre soin, se soucier de l’autre et de soi, agir pour vivre aussi bien que possible : c’est autour de ces enjeux actuels que les œuvres se font écho, dans un lieu spacieux qui leur fait honneur. Au fil du parcours, sous les charpentes de cette ancienne ferme du XVIIIe siècle, une à une, elles déplient l’éventail des nombreux sujets qui naissent de cette notion : précarité du travail dans un système capitaliste, écologie, égalité des sexes, corps marginaux et invisibles, rapport à la mort.Ainsi, l’installation-sculpture de Sheena Hoszko s’attarde sur les conditions de vie dans l’univers carcéral ; Hazel Meyer interroge quant à elle, avec son installation et sa performance, les normes qui gouvernent le monde du sport, du désir et de la sexualité. Dans la vidéo de Laakkuluk Williamson Bathory se promène une mystérieuse femme autochtone dans les paysages de l’Arctique ; Stephanie Comilang, pour son documentaire de science-fiction, s’est inspirée des récits de travailleuses domestiques philippines immigrées à Hong Kong ; le saisissant film multi-écrans de Steven Eastwood suit la fin de vie de trois hommes dans le centre de soins d’une île britannique plongée dans le brouillard. Non seulement les œuvres choisies sont de grande qualité, mais leur réunion fait tout de suite sens.
Cette pluralité de regards sur un même thème dévoile la pertinence du choix du care comme point de départ d’une exposition d’art contemporain aujourd’hui. À l’heure où les moyens d’action politique se réinventent au sein de la population, l’art se révèle une fois de plus être une source d’inspiration et un éclairage précieux pour le spectateur.