Tanya Merrill — 303 Gallery, New York
Tanya Merrill (née en 1987) projette dans notre modernité les traces d’une histoire de l’art dont les poses, lascives ou empruntées, se prolongent par nos fenêtres portables sur le monde, ajoutant à la perspective classique le tunnel de possible offert par ces nouveaux reflets.
À l’image du titre même de sa seconde exposition personnelle, Watching women give birth on the internet and other ways of looking, son exposition à la 303 Gallery de New York, c’est l’origine même de la vie qui se voit explorée, confortablement assise dans le fauteuil de son salon.
À travers sa peinture figurative à l’efficacité et l’expressivité indéniables, elle dépeint un univers de vanités où la mise en scène de soi, au centre de l’exposition avec cette évocation des grossesses documentées par les principales intéressées sur Internet, s’engage dans le rapport frontal à l’autre. Empruntant à divers registres de la société (sport, religion, publicité, technologie) des codes qu’elle emmêle au sein de compositions à échelle humaine, elle propose une trame narrative qui compile des saynètes joyeuses, des après-midi domestiques langoureuses où la solitude apparaît comme une pause bienvenue, pour ne pas dire méritée et le compagnonnage d’animaux domestiques une fin en soi.
Plein de référence et s’attachant, tout en définissant les limites de cette représentation qui ne fait que prolonger celles de glorieux ancêtres, son travail pictural rend une étrange sincérité de la joie, du détournement et de l’humour dont la conjonction, purement jouissive et délicatement espiègle, est assez rare. De l’annonce de la fertilité à la danse macabre et rigolarde de squelettes, c’est tout à la fois un cycle de vie et une chronique acerbe de notre existence à laquelle Tanya Merrill nous confronte.
Car c’est bien ce double mouvement d’un rapport excessif de l’humanité à la nature qui apparaît au gré de ses compositions, permettant de confondre l’usage qu’il en fait en tant qu’objet mais surtout comment, en tant que sujet, il tente d’en façonner un biais qui, en la détournant, le mène lui-même vers des chemins aussi inconnus qu’incongrus.
Tanya Merrill, Watching women give birth on the internet and other ways of looking, 303 Gallery, New York, du 14 avril au 18 mai 2024 Plus d’informations sur l’exposition