Antoni Tàpies, Creu sobre peu II (Détail), 1993 Peinture sur papier — 64 × 48,5 cm
© Successio Tàpies / Courtesy Galerie Lelong & Co
Antoni Tàpies — Galerie Lelong
La galerie Lelong rassemble du 6 septembre au 7 octobre 2017 une trentaine d’œuvres sur papier de l’artiste catalan Antoni Tàpies. L’exposition de ces dessins inédits — réalisés entre 1981 et 2011 — met en lumière une gamme variée des enjeux plastiques du célèbre peintre.
« Antoni Tàpies — Temps, matière, mémoire », Galerie Lelong & Co du 6 septembre au 7 octobre 2017. En savoir plus L’œuvre d’Antoni Tàpies est un art de matérialité virtuose au vocabulaire mystérieux. Il dompte sur le papier frêle des reliefs granuleux, crevassés ou vaporeux avec des gestes habités. Du dessin Cos sobre fons negre (peinture et crayon sur papier) transparaît le passage empressé de son auteur : la matière sablonneuse ocre semble peiner à se fixer sur son support. La recherche plastique de Tàpies — notamment son utilisation de matériaux pauvres, qui lui vaut parfois d’être défini comme un annonciateur de l’arte povera — est un hommage symbolique à la matière. La matière brute incarne une réalité que l’artiste invite à considérer de « façon plus contemplative ». Tout un lexique d’empreintes symboliques et archaïques accompagne le vocabulaire énigmatique de l’artiste. Des éléments corporels (pieds, bouche, mains, nez, œil, etc.) sont omniprésents ; toujours tracés à la volée, dans une évanescence qui évoque le graffiti ou les peintures rupestres. Le nez et la bouche de l’œuvre Nas i boca sobre xifres comportent des lignes si expressément posées qu’elles semblent être illégales.
Antoni Tàpies, Dos peus sobre gris, 1981
Peinture, vernis et crayon sur papier — 64 × 48,5 cm
© Successio Tàpies / Courtesy Galerie Lelong & Co.
Superposées à des éclaboussures et des symboles géométriques, ses formes semblent avoir été arrêtées sur un mur dégradé par le temps.
L’utilisation de codes et de symboles participe également au mystère spirituel qui plane sur les œuvres de Tàpies. La vanité rehaussée d’une croix rouge de Crani blanc est empreinte d’un mysticisme inquiétant mais puissant. Chiffres, lettres et formes géométriques s’additionnent ainsi au lexique nébuleux de l’artiste et participent à l’aura de mystère qui gravite encore autour de son œuvre.
