Armand Jalut
En tension, l’œuvre d’Armand Jalut, exposée à la galerie Michel Rein jusqu’au 24 septembre, joue tout entière sur le fil, sur le risque de l’idée. Ses compositions explosent de couleurs et d’inventivité. Reproductions méthodiques d’images photographiées ou scannées, elles reprennent en écho le cri de la matière isolée, des formes sans voix de combinaisons qui n’en sont pas. Les matières abandonnées, les couleurs délaissées conquièrent, sous le pinceau d’Armand Jalut, une nouvelle vie, flottante et incertaine. Avec cette dernière série présentée dans son Solo Show, l’artiste poursuit son exploration aussi étrange que jouissive, où les amas de formes jouent de connivence avec le foisonnement de couleurs. Véritable quête de l’expérience esthétique, les assemblages d’Armand Jalut sont autant
de propositions de création d’un univers complexe, entre le champ de jeu et la construction classique. Et ses Rebuts fonctionnent comme autant de superpositions de formes où la matière abandonnée, rapiécée, et réagencée, donne lieu à un ensemble organique inattendu, où la peinture parvient à créer ce lien étonnant entre les textures, soies et fleurs. Flirtant avec le kitsch sans jamais tomber dans le cynisme, ce Solo Show confirme le talent d’Armand Jalut, capable d’imposer un regard oblique non seulement sur l’histoire de l’art, mais aussi sur l’histoire de la perception, conjuguant l’ambition classique et le décalage contemporain. Sur le fil donc, en funambule du sens et de la sensation, c’est plein d’un humour subtil et d’un amour sensible du geste pictural qu’Armand Jalut reconstruit patiemment le noyau organique des grands riens du monde et, au vu de l’efficacité de sa démarche, certainement aussi celui du grand tout.