Christopher Le Brun — Almine Rech, Paris, Turenne
Christopher Le Brun aborde la peinture comme un champ d’intensité où se mêlent l’élan du geste, la densité de la matière et la résonance des images. Son travail, nourri d’histoire de l’art autant que d’expériences sensibles, avance par superpositions patientes, laissant affleurer une lumière intérieure propre à chaque tableau.
Pour sa première exposition chez Almine Rech Paris, Moon Rising in Daylight, l’artiste dévoile un ensemble d’œuvres qui explore les passages subtils entre perception et abstraction, entre saisonnalité, atmosphères et états d’esprit. Une invitation à se laisser guider par la peinture elle-même, par sa vibration et sa richesse.
Une occasion rare, en France, de découvrir cette œuvre qui se laisse hanter tour à tour par le classicisme, la modernité et l’avant-garde, avec pour guide perpétuel le travail de la lumière. Ici, c’est l’intensité des traces, des coups, des retraits et des masses qui constitue le principe actif de compositions exigeantes, dont l’abstraction déchire elle-même sa condition par une dynamique qui ne laisse jamais le regard au repos.
La lumière, travaillée jusqu’à l’impossible, circule dans des rapports chromatiques instables. Le Brun semble la retenir là où elle s’échappe, la mêler lorsqu’elle éclate, conférant à l’ensemble une dimension spectaculaire d’un ordre réflexif : non pas la représentation d’un phénomène, mais l’acte même de sa création. Comme si elle se dérobait à son sujet et à son statut de vecteur, la peinture devient actrice de cette variation, bien plus lyrique qu’il n’y paraît, renversant la pesanteur de cette lune pour faire du déséquilibre un principe actif de cette intensité paradoxale. Un miroir, en quelque sorte, de la perception de la vision chez Merleau-Ponty, où, en tant qu’acte, elle est elle aussi un geste de la matière sensible vers la conscience.
Mais plus encore, elle englobe dans son éclat les innombrables influences, les techniques insondables emmagasinées par l’artiste qui, par cette lune reliant tous les points du globe (de l’impression occidentale à l’intuition extrême-orientale) charge les apparences d’une profondeur sublime. Loin de nous laisser à l’écart par un hermétisme d’arrière-monde dont lui seul détiendrait les clés, Le Brun nous engage, par la générosité de son trait et la communauté de son sentiment mis à nu, à laisser émerger ce qu’il nomme son « arrière-pays ».
Christopher Le Brun — Moon Rising in Daylight, du 18 octobre au 20 décembre, Almine Rech, Paris, Turenne, 64 rue de Turenne, 75003 Paris, du mardi au samedi de 11h à 19h