Edvard Munch — Musée d’Orsay
Une lacune fondamentale qui souligne la distance entre l’intérêt démesuré pour une image et la méconnaissance d’un œuvre global intéressant mais inégal et probablement pas à la hauteur de maîtres présentés en général au cœur d’expositions majeures. Sans coup d’éclat d’abord, à l’exception de Le Lit de mort et d’un foudroyant autoportrait qui, dans leur puissance sentimentale, transcendent le peintre capable ici seulement d’abandonner la technique pour laisser vivre l’espace de la toile.
Sans son icone ensuite, l’exposition Munch révèle surtout la compréhension assez ironique de l’artiste pour la reproduction, la réactivation de motifs et les moyens mis en œuvre par l’artiste pour les diffuser le plus largement possible. Le tableau même qui habille l’affiche de l’exposition ne trouve sa raison que par accident, ce baiser enlacé devenu morsure de vampire qu’à la suite d’une remarque de son entourage dont il adoptera l’interprétation et, par. Sérieuse, l’exposition ne sort donc malheureusement pas de l’aspect laborieux d’une démarche appliquée et oscillant entre l’ambition épique d’une peinture qui ne l’est pas et l’attente profonde d’un public obligé de se résoudre aux limites d’une croyance en l’image.
Les expérimentations même de l’artiste, naviguant entre arts décoratifs et illustrations, si elles touchent parfois à l’originalité, se perdent dans des méandres qui témoignent bien plus de sa volonté d’adaptation (à l’image encore de son projet final, monumental) que d’une radicalité qui aurait défié son époque et par là justifié autant de moyens pour sa présentation.