Élodie Seguin, Not yet titled, 2012
© Galerie Jocelyn Wolff, Paris
Élodie Seguin à la galerie Jocelyn Wolff
1 - Pas mal
Critique
Critique
Le 23 avril 2012 — Par Guillaume Benoit
« Élodie Seguin — Gestes et mesures à l’horizon des surfaces », Galerie Jocelyn Wolff du 22 mars au 26 mai 2012.
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Avec
Gestes et mesures à l’horizon des surfaces, Élodie Seguin fait preuve d’une rare audace en s’intégrant dans l’espace d’exposition par touches, usant de la discrétion de ses structures pour mieux le révéler. La série
Not Yet Titled a tout de l’élégance des absents. Constituée d’un ensemble de planches surmontées de feuilles de papiers peintes, d’un simple fil encadrant un espace imaginaire fragile, de tuyaux posés contre le mur et d’un épais tissu cachant en son sein un halogène à la lumière chaleureuse, l’œuvre d’Élodie Seguin se fond dans les cimaises comme par jeu. Simplement accompagnées d’un texte de Charles Baudelaire,
Le Mauvais Vitrier, monument de violence et de drôlerie contenues, ses œuvres se font écho à la tension intérieure de cet homme décrit par le poète, résolu à redessiner le monde à l’image de ses envies. Moins
cruelle mais tout aussi déterminée à liquider les barrières du réel, la démarche d’Élodie Seguin appose dans l’espace le calque d’une altérité possible, d’une insémination virale de nouvelles lignes. Entre l’appel au fétiche avec ce tube érigé à deux reprises dans l’espace et dérision d’une installation de planches accompagnées d’un balai, comme camouflées derrière une colonne de béton, Élodie Seguin installe en douceur la verticalité de ses pièces qui sont pourtant autant d’impositions de lignes dures et tranchantes. Sans qu’il n’y paraisse, et avec ce même souci inhérent à son œuvre de ne pas utiliser « d’élément distinct et autonomisable de ce qui constitue l’espace d’exposition, de même que la fresque de Leonard de Vinci est imbriquée dans l’espace qui la reçoit », elle redessine les manières de s’approprier un lieu. Révélant sa spécificité autant qu’elle l’utilise à ses propres fins, Élodie Seguin fait œuvre de cet espace et crée un équilibre subtil, presque éthéré, qui met en scène une présence aussi forte que silencieuse.