Essayer encore, rater encore, rater mieux — Centre culturel suisse
Le centre culturel suisse présente du 21 avril au 03 juin une exposition collective militante qui déploie une réflexion en acte autour des notions d’art et d’activisme.
« Rosa Brux avec les Archives contestataires — Essayer encore, rater encore, rater mieux », CCS — Centre culturel suisse du 21 avril au 3 juin 2018. En savoir plus L’anniversaire de Mai 1968 est l’occasion pour le monde de l’art d’offrir un panorama des pratiques artistiques qui ont accompagné, influencé, voire rendu possible ce mouvement. Une contestation qui a résonné dans de nombreux points du globe et notamment en Suisse, avec une multitude de foyers de luttes en résonance avec leur temps qui, depuis, n’ont cessé de se réinventer.À travers une somme impressionnante de documents réunis par l’association Rosa Brux et les Archives contestataires liées aux mouvements de Genève, l’exposition Essayer encore, rater encore, rater mieux propose une plongée au cœur de luttes complexes et tendues qui ne cachent rien de leurs propres doutes et cheminements. Les créations artistiques, manifestes théoriques, propositions esthétiques se révèlent comme autant de moments prélevés au sein d’une scène dont la dynamique se lit à l’aune du collectif. Faire du lien, à travers l’opposition comme la création constitue ainsi un leitmotiv de ces tentatives de repenser la société à travers une mutualisation de la parole et une communauté de geste.
Communisme, féminisme, activisme, autant de notions qui se voient érigées en principe d’action dont on observe les évolutions, motifs et discordes avec passion, projeté au centre d’une scénographie qui nous submerge littéralement de messages. L’ironie mordante de certains d’entre eux, notamment dans les combats féministes renaissant alors sont saisissants d’acuité. En ce sens, il s’agit de l’une des sections les plus vibrantes de la présentation avec des inventions militant pour la reprise en main, par les principales intéressées, du corps totalement réifié de la femme.
Si l’on retrouve dans cet ensemble de grands noms de la scène artistique internationale (avec entre autres une vidéo méconnue de Thomas Hirschhorn, mais aussi l’excellent Tamas St. Auby), l’exposition s’efforçant de répondre à une intention sensible de rendre l’énergie collective, aucune individualité ne ressort pour laisser place à l’histoire, à l’invention et à la tentative.
Comme une ode à l’action, l’exposition, pleine de cet esprit qui infuse la citation de Beckett dont elle tire le titre, parvient à créer un espace concret de pensée et d’invention, encourageant autant à l’introspection honnête des tensions inhérentes à tout acte collectif qu’à l’invention de nouveaux procédés de luttes pour une émancipation visant à fuir les limitations imposées par l’obscurantisme et l’ordre moral social.