Ex-East — Siège du parti communiste, Paris
Sous la houlette du commissaire Ami Barak, le siège du parti communiste accueille du 5 février au 16 mars une exposition d’artistes roumains de tous horizons qui croule malheureusement sous son manque d’ambition.
Si, selon le commissaire, le projet était « en germe depuis longtemps », le titre même de l’exposition, jeu de mots légèrement daté, peine à cacher le manque de cohérence d’un regroupement qui recèle pourtant quelques œuvres d’envergure. Les problématiques ne manquaient pourtant pas face à une scène qui aura d’abord marqué, au début du XXe siècle, l’histoire de l’art international, portée par des artistes exilés qui, derrière une apparente déconnexion avec leurs origines, partageaient des horizons culturels communs tels que les révèlent Tom Sandqvist dans son livre Dada East, largement mentionné ici. Si ces pans de l’histoire de la représentation, cette possibilité d’un « esprit » d’Europe orientale sont à peine soulevés, la section « historique » rappelle la prégnance d’un goût certain pour une avant-garde riche d’influences diverse et capable de les amalgamer (jusqu’à les perdre) qui se diluera dans la suite de l’exposition.
On n’apprendra donc rien ici sur les symboles, les images communes et l’histoire même d’un pays qui a fait naître et continue de pousser tant d’artistes singuliers. Et lorsqu’ils sont mis en scène, les objets de culte ou signes nationaux se perdent en un symbolisme muet qui ne dit rien de la perspective d’une identité multiple, de son questionnement même. La section contemporaine, qui représente l’essentiel de l’exposition fait donc s’achopper entre elles des œuvres disparates, techniquement très déséquilibrées et conceptuellement hermétiques qui ne passent malheureusement pas l’épreuve de la présentation collective. Une déception tant les outils scénographiques, des grilles brutes au cœur de l’architecture exceptionnelle et radicale du bâtiment de Niemeyer, sont intelligents et auraient pu inscrire la diversité formelle dans une continuité intéressante. Mais les œuvres, questionnements et techniques, loin de se répondre, ne partagent que rarement les thématiques communes et n’engagent surtout, indépendamment de la qualité de certaines d’entre elles, jamais de dialogue.
Les générations, histoires et parcours sont si épars que les propositions s’arasent entre elles, effacent l’impact de leur voisine quand les rares tentatives de rapprochements par médiums ne virent pas à l’agencement bâclé. Au-delà de la volonté salutaire de mettre en lumière, en l’ouvrant à tous, une scène artistique encore à découvrir, cette tentation du catalogue déçoit avec sa litanie de noms qui fait perdre à l’exposition son sujet et, parce qu’elle ne problématise pas sa présentation, tomberait presque dans le travers d’une accumulation d’artistes liés par leur simple passeport. Une lecture bien malheureuse de la citation mise de Brancusi mise en exergue ici ; « En art il n’y a pas d’étrangers ».
Ex-East : Histoires passées et récentes des avant-gardes roumaines, du 5 février au 16 mars 2019 du mardi au dimanche de midi à 19h, Siège du Parti communiste français, Espace Niemeyer, 2 place du Colonel Fabien, 75019 Paris