Exposition virtuelle Miro — Centre Pompidou
Première exposition virtuelle du Centre Pompidou, Joan Miro, Bleu I, Bleu II, Bleu III propose de parcourir, dans un espace d’exposition modélisé en trois dimensions, les cimaises d’une présentation agrémentée de documents d’époque.
Le projet tient du fiasco et, derrière la volonté d’un hommage bienvenu au triptyque majeur de Joan Miro dont on fête cette année les soixante ans de l’exposition alors présentée à la galerie Maeght en 1961, la faible qualité de retranscription des œuvres se fait douloureusement sentir, quand une simple photographie en haute définition rend infiniment plus fidèlement la peinture subtile de l’artiste, lissée ici par une numérisation radicale et de fait, rendue proprement invisible.
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La présentation laide et mal finie semble plus témoigner des doutes d’une institution face aux nouvelles technologies et, plutôt que d’inventer un langage numérique de l’exposition, d’imaginer de nouveaux biais pour faire vivre une œuvre dans la structure d’un navigateur Internet, semble nous prendre à témoin de sa propre impuissance. Le déplacement est lourd, les angles de vue désagréables et la lecture des proportions comme des perspectives est impossible pour un résultat plus proche des expériences vidéoludiques en trois dimensions des années 1990, pour ne pas dire 1980.
On peine à comprendre l’intérêt d’une telle proposition, aussi pénible que mal adaptée à son objet, certes exigeant, mais qui ne mérite pas d’être traité avec autant de mépris. Ni l’œuvre d’art ni les possibilités qu’offrent le numérique ne supportent un tel affront. Plus grave encore, le matériel bibliographique et critique autour des œuvres est d’une faiblesse indigente, n’apportant qu’épars repères biographiques et une information fondamentale ; elles sont fragiles. Une telle attention ne pourra donc que les combler.
Après le pathétique jeu vidéo Prisme 7 à la jouabilité retorse et à l’intérêt esthétique pédagogique discutable, le Centre Pompidou fait une nouvelle fois preuve de son incompétence en matière de création numérique mais plus encore de son manque d’investissement dans un domaine qui fait partie de son héritage (en 1992, le centre de création industrielle qu’il abritait fusionne avec le Musée national d’Art moderne).
Si l’on pouvait être particulièrement curieux et heureux d’une initiative cherchant à offrir au public les richesses d’œuvres d’art majeures de l’histoire, cette tentative relève d’une piètre tentative de coup de communication au ventre creux ; même gratuit, même ouvert à tous, le projet échoue à offrir la moindre consolation et l’on continuera de lui préférer sans aucun doute une expérience numérique bien plus convaincante ; inscrire le titre du triptyque de Joan Miro dans n’importe quel moteur de recherche.