Jesper Just à la galerie Emmanuel Perrotin
La galerie Emmanuel Perrotin choisit de montrer trois vidéos, inégales, de Jesper Just, artiste contemporain danois qui représentera le Danemark à la Biennale de Venise. L’une d’entre elles rachète l’ensemble par son accablante beauté formelle et le soin puissant accordé à son ambiance sonore.
« Jesper Just — Exposition personnelle », Galerie Emmanuel Perrotin du 20 avril au 15 juin 2013. En savoir plus Il faut donc passer les vidéos douloureuses par leur insignifiance Sirens of Chrome , balade en voiture dans la ville de Détroit de quatre afro-américaines et Vicious Undertow, tourné en 16 mm, pas de danse d’un trio sensuel qui n’excite ni ne captive. Au-delà de ces deux exercices de style empesés, nous voici plongés dans la merveille que représente Llano , d’où jamais le regard ne dérive. Pourtant, rien ou presque ne s’y passe ; une jeune femme au physique imposant, non conventionnel et troublant, construit un mur de pierre sous une pluie battante. Mais de cette apparente incongruité anecdotique s’élève un sens du sublime.D’abord, la pluie a toute son importance, elle semble d’or, étincelante. Le bruit qu’elle produit en frappant lourdement le sol et la pierre traduit l’agitation du monde. Cet élément perturbe autant qu’il hypnotise. Puis, plus rien, un autre plan montre un désert sec et chaud. Calme plat et quiétude semblent avoir chassé le déluge. Mais à nouveau, retour sur le mur de pierre bâti par cette femme trempée jusqu’aux os, une pierre tombe, on sursaute.
Rien ne tient, tout est bancal. Faut-il continuer à construire ? Il règne dans ce film une forme de vanité à poursuivre le cours des choses. D’autant que le dispositif filmé est artificiel. On se rend en effet compte peu à peu, grâce à un plan élargi, que la pluie n’est pas naturelle, elle est déversée par baquets d’eau grâce à des tuyaux installés en hauteur. Monde reconstitué de l’entreprise humaine, laborieuse et pathétique. Mais touchante, ô combien touchante.