Miloslav Moucha — Galerie Laure Roynette
La galerie Laure Roynette présente l’exposition Synthèse, travail du peintre français Miloslav Moucha. L’occasion de découvrir l’œuvre épiphanique d’un artiste qui dévoile à Paris les grands formats d’un ensemble constitué entre 1992 et 2015.
« Miloslav Moucha — Synthèse », Galerie Laure Roynette du 3 mai au 15 juin 2018. En savoir plus Bereshit. « Au commencement ». Voici le nom énigmatique qu’a choisi le peintre Miloslav Moucha pour son cycle de peintures ici exposé. Ce mot hébreu, premier de la Genèse, accompagne et infiltre l’œuvre de l’artiste dans son désir de définir les origines du monde. « Traduction visuelle de la Création du monde », le Cycle de Bereshit trouve dans des formes archétypes certaines réponses imagées à la construction de notre univers.Miloslav Moucha convoque la géométrie pour cette recherche cosmique et mythique qu’il a entrepris pendant vingt-trois ans. Sur près de deux mètres de hauteur, il développe au mur de la galerie un réseau de formes simples. Comme des mandalas réduits à leur silhouette la plus aseptisée, les cercles de ses peintures sont lumineux, les carrés invitent à la circumambulation, les spirales aspirent autant qu’elles hypnotisent. Par la dimension des toiles et des formes échafaudées, ces œuvres s’offrent à nous comme les portails — ou vortex — d’un monde sidéral. Espaces de transfert et organes de méditation, les paysages symboliques de Moucha évoquent une certaine complexité des lois qui régissent la vie, en se passant de mots. Ainsi, dans le prolongement du travail des peintres d’icônes, Moucha fabrique une matière qui nous propulse face à l’invisible et l’indescriptible.
Ce terrain de l’abstraction, qui oscille entre recherche formelle et quête spirituelle, un bon nombre d’artistes a pu le traverser. Une errance de pèlerin où l’on pourrait croiser des artistes américains tels qu’Arthur Dove ou Georgia O’Keeffe. D’ailleurs, l’exposition du Musée d’Orsay, Au-delà des étoiles. Le paysage mystique de Monet à Kandinsky, tenue en 2017 leur rendait un hommage singulier, où il n’aurait pas été étonnant de croiser Moucha. Si l’on remonte le fil du temps, les visions mystiques de la religieuse et compositrice allemande Hildegarde de Bingen trouvent une résonance toute particulière avec l’œuvre de Miloslav Moucha. Elle est à l’origine d’un manuscrit illustré de vingt-six visions intitulé Le Scivias (XIIe siècle). C’est dans cet ouvrage que l’on retrouve L’Univers, la peinture schématique de ce qui symbolise son interprétation du cosmos. Dans un big bang de couleurs, cette représentation hallucinée détaille — entre macrocosme et microcosme — une multitude de formes qui suggèrent des éléments (lune, soleil, terre, flamme, eau, etc.). Ensemble, ils composent cette ovale originel — récurrent chez Moucha —, dont l’aspect évoque une vulve et renforce ainsi ce sentiment d’enfantement de l’univers.
D’un syncrétisme primitif, les peintures de Miloslav Moucha sont les croquis d’une recherche fondamentale sur un débat cyclique et vertigineux : celui de l’origine et de l’évolution. Mémoires ou visions, elles témoignent d’une forme mystique qui veut rendre tangibles les mystères de l’existence.