Melissa Coote, Karen Farkas — Galerie baudoin lebon
La galerie baudoin lebon présente Tête à tête, une exposition tout en élégance qui invite à la découverte de deux artistes très différentes qui s’unissent, le temps d’une rencontre, leurs univers pour se révéler au mieux.
L’une, Karen Farkas, peint et dessine des dynamiques abstraites qui privilégient la dissonance des lignes, l’autre, Melissa Coote rejoint l’hyperréalisme à travers des toiles à l’alchimie complexe qui s’attachent à des fragments de ce corps, les révélant, à travers cette infinie proximité, dans toute leur étrangeté.
Un dialogue délicat entre deux œuvres qui communiquent par touches, à l’image de la peinture de Karen Farkas, tout en sobriété et en délicatesse, couvrant les toiles d’ensembles sensibles de rapports de couleurs, tandis que la technique de Melissa Coote se penche sur les détails des formes, le contraste de noirs et blancs qui révèlent une forme d’abstraction dans le réel.
C’est cette rencontre entre deux obsessions, celle du corps de la matière et celle de la matière du corps qui fait de ce Tête à tête un projet aussi inattendu que révélateur d’une discussion presque intime entre deux langues différentes. Un titre qui en dit long sur l’importance de la physicalité mais aussi de ce qui s’y trame, passage de la figure littérale au siège de l’imaginaire, cette bicéphalie qui tisse le lien entre intérieur et extérieur, surface physique et projection mentale. Melissa Coote s’attache à sublimer des parties du corps, promenant son regard à la surface de la peau comme on parcourrait les reliefs d’une planète inconnue à la rencontre des traits, accidents qui nous en diraient plus sur son essence, à la recherche d’une géographie qui ferait ainsi histoire, histoire des corps et des mouvements. De son côté, Karen Farkas s’applique, elle, à appréhender la peinture en la menant à exercer sa propre existence, l’accompagnant dans sa formation matérielle de paysages impossibles, régis par les lois de la gravité, par les propriétés chimiques des corps dispersés sur la toile ou sur la feuille.
Une gémellité inattendue pour deux artistes qui, si tout semble les opposer, entrent dans un ballet de résonances séduisantes et profonds qui prouve la pertinence des rencontres, des associations et parvient, comme en miroir de leur propre démarche, à révéler, dans leurs différences, une essence profonde, une percée de leurs regards à travers les êtres et une mise en scène singulière des corps.
Une réflexion en forme d’oxymore, où l’observation du détail, la fascination pour le microscopique ouvre les horizons à un monde en mouvement, qu’ils le rejouent expressément ou s’en éloignent fondamentalement.