Plaine d’artistes — La Villette
Plaine d’artistes propose, à la Villette, une programmation éclatante et éclatée qui use de l’immensité du parc pour offrir un étalage superbe des modes de création d’aujourd’hui. De la musique au théâtre, de la danse à la recherche plastique, cet événement fait vivre l’art en faisant confiance à son énergie propre pour réinventer sa mise en scène, son exposition. C’est ainsi forte d’une dynamique de l’urgence et de confiance envers les créateurs qu’il a pu se construire et poursuivra, durant tout le mois de juillet, sa genèse.
« Plaine d’artistes », La Villette du 2 juillet au 2 août 2020. En savoir plus L’événement Plaine d’artistes est ainsi parcouru de deux axes de découvertes ; le premier, géographique, ressort de la dispersion physique des diverses créations à travers le parc, nous invitant, presque à chaque détour, à porter regard sur une forme active de la création d’aujourd’hui. Le second, tout aussi passionnant, met pour sa part en jeu la dimension temporelle de la création avec la possibilité pour le public d’appréhender des œuvres en cours de création à travers le programme particulièrement novateur et enthousiasmant Les Moyens du bord (du périphérique), en partenariat avec le Centre Pompidou. Une initiative rare dont le succès dépendra des interactions et moments d’échanges avec le public lui-même, décidée et imaginée dans l’urgence de la période de confinement passée qui nous propose chaque fin de semaine une rencontre singulière avec la création plastique à l’œuvre d’artistes renommés aux univers riches et aux propositions, là encore, aussi audacieuses et expérimentales que le programme complet.On y retrouve ainsi une véritable mise en tension des œuvres de chacun avec notamment un Julien Prévieux à la baguette d’un spectacle mais aussi Mathieu Kleyebe Abonnenc qui, après avoir ouvert ses répétitions avec la chorégraphe et danseuse Betty Tchomanga, proposera de découvrir un extrait de son film en préparation. Gaëlle Choisne, elle, invente une installation organique et machinique qui sera le théâtre de performance et musique dans un premier temps puis d’une expérience de réinvention de la matière. Julie Béna, enfin, poursuit son exploration des modes de narration contés et décalés dans une performance au sein d’une installation labyrinthique faite de toiles d’araignées qui tissent les prémisses d’histoires à raconter.
Comme une variation en plusieurs épisodes, chaque week-end, après un premier très réussi, devrait amener son lot de surprises et de modifications qui participent d’un beau sentiment de proximité, d’intimité peut-être à terme avec des œuvres dont nous pouvons suivre les évolutions et, de toutes les manières, de réinvention. C’est avec une belle audace que La Villette s’empare, en plongeant directement dans la concrétude de l’expérience, de toute tentative de questionner le monde d’après. Les artistes, comme à leur habitude, qu’il s’agisse d’avant ou d’après, inventent et nous prouvent ici qu’ils continueront de le faire. Or, c’est peut-être précisément l’une des plus belles amorces à toute tentative de représentation de nos futurs, parcourus durant ce festival par des images, des préoccupations, des ambitions mêmes qui sont aussi diverses qu’une telle ouverture et une telle pluralité dans la programmation peut laisser envisager.
Mais, dans cette multitude d’enjeux, dans cette confluence d’esthétiques, la mise en commun et la rencontre de tous semble à son tour, avec la modestie et la générosité qui siéent aux projets nés de l’urgence, dessiner le reflet du principe moteur de la création, à l’œuvre ici.
Retrouvez le Programme de Plaine d’artistes en détail et en images