Rythmes et vibrations — Galerie Lelong & Co.
La galerie Lelong & Co. présente jusqu’au 24 juillet une lecture passionnante de deux souffles de l’art abstrait qui dessine une valse dynamique dont les envolées sont ponctuées par les affirmations droites et limitées d’angles précis, où le sentiment et l’expressivité sont loin d’être absents de formes pourtant abstraites ou géométriques.
« Rythmes et Vibrations — Adnan, Brown, De Maria, Förg, Jones, Scully, Uslé, Verdier », Galerie Lelong & Co du 4 juin au 24 juillet 2020. En savoir plus Avec une confrontation abordant directement la thématique riche du développement historique de deux courants majeurs de l’abstraction, l’économie et la liberté quasi-explosive de la forme, cette exposition élégante et subtile opère une confrontation entre les générations et les modes de composition superbe et efficace. Les tableaux de Samuel Levi Jones, le plus jeune des artistes présentés ici, particulièrement réussis, embrassent cette fougue historique pour y répondre par une revisite à travers le patchwork, un médium populaire et à l’histoire riche qui répond de la plus belle des manières (matières) à l’exploration picturale de ses prédécesseurs.Des prédécesseurs aux œuvres aussi riches et déjouant les attendus de leur démarche même avec une expressivité décuplée par la sobriété et l’effacement du geste derrière la matière peinture — un principe superbement représenté ici par Etel Adnan et Sean Scully. Ou plus libre encore, animé par des forces qui deviennent les principes moteurs de stases pleines d’une énergie et d’une dynamique comme abstraites de sa zone d’influence pour figer et figurer le temps d’une zone pleine de vie, avec Fabienne Verdier ou les surprenants atlas de Nicola De Maria quand Juan Uslé et Günther Förg semblent presque en réaliser la synthèse.
Naît de ce fécond réseau de rencontres un jeu d’une beauté saisissante entre des formes abstraites qui, ainsi concurrencés, ainsi mises en perspectives par celles d’autres artistes, gagnent une force d’affirmation et de détermination particulièrement vibrante. Ce qui frappe ici c’est, plus encore que la ligne, la manière dont émerge plus précisément la couleur, l’intensité des lumières, des contradictions, des contrepoints qui participent d’une expérience sensible finalement bien plus fiévreuse que conceptuelle. Chaque peintre jouant, quels que soient les protocoles et les modes des apparentes contradictions pour mieux mettre en valeur la sensibilité de nos regards face à la matière et la couleur qu’il agence.
Véritable reflet de la multiplicité et complexité d’un processus qui, pour radical qu’il est, n’en reste pas moins profondément humain, cette belle et sobre exposition célèbre tout autant la vibration retrouvée d’une confrontation physique à l’œuvre d’art qu’elle nous rappelle sa capacité (démultipliée ici tant ce principe entre en ligne de compte pour chacun des artistes présentés) à engendrer des formes qui, en noyant nos repères, nous offrent pour points d’accroches autant de nouvelles et profondes émotions.