
Robert Polidori — Galerie Karsten Greve, Paris
La galerie Karsten Greve accueille l’exposition Présences de Robert Polidori, photographe canadien renommé pour son exploration de la mémoire à travers son travail de documentation des chantiers de restauration.
De Versailles à Pripyat, en passant par Beyrouth et la Nouvelle-Orléans, ses images révèlent la beauté des lieux marqués par l’histoire et le déclin. Grâce à un travail minutieux de la lumière et du détail, Polidori transforme les ruines en puissants vecteurs de mémoire.
Derrière les ors et dans les cavités des matières, l’objectif du photographe canadien Polidori capture le grain du temps et les traces subtiles de toutes ces jonctions du visible que l’art voile. Toiles renversées, matériaux altérés, il émane de cette exploration du détail un charme certain qui donne au passage du temps un rôle fondamental. Tout se joue dans la marge et dans l’oubli. La lumière et la précision du photographe rendent avec un soin saisissant le grain de ces superpositions de matières, le doux charme de toiles organiques écorchées par leur trop-plein de peinture. À l’inverse des ruines, ces vestiges laissent la place à une grandeur à venir.
On plonge malgré nous dans cette poésie du détail qui mélange la familiarité d’intérieurs renvoyant à toutes nos intimités et la distance qui nous sépare des chefs-d’œuvre et autres dorures. Mais là encore, dans leur proximité avec les ruines, avec les dégâts de l’hygrométrie, la magie du détail nous entraîne à sa suite dans le charme des couleurs. Le luxe et l’apparat s’étouffent sous la précision d’un regard captant les tiges qui les soutiennent, les cadres qui les bordent, les couleurs qui s’en dérobent… et accentuent au final la proximité du beau avec nos propres ruines, celles abandonnées qui continuent de peupler nos souvenirs.
« Les ruines sont souvent plus belles que l’édifice entier ; elles laissent deviner ce qu’il fut, et rêver ce qu’il aurait pu être. » Du Chateaubriand dans le texte, et du Polidori dans les yeux, le silence épais des poussières résonne comme la promesse d’une renaissance, passée et à venir.
Exposition Robert Polidori, Présences — Du 12 avril au 24 mai 2025 — Galerie Karsten Greve, 5, rue Debelleyme, 75003 Paris — Du mardi au samedi de 10h à 19h