Tom Arndt, Home — Les Douches, la galerie
Reconnu et populaire Outre-Atlantique, Tom Arndt bénéficie à la galerie des Douches de sa première exposition personnelle en France. De quoi découvrir ce contemporain de Robert Frank, resté fidèle au noir et blanc à travers les âges et jusqu’à aujourd’hui.
« Tom Arndt — Home », Les Douches la Galerie du 13 septembre au 31 octobre 2014. En savoir plus La galerie poursuit sa démarche défricheuse. Après Vivian Maier, grande photographe de street photography dont le travail a été découvert de façon posthume et récemment popularisée par le film Finding Vivian Maier, voici Tom Arndt et son Minnesota natal. Vigie, un peu à la façon de la galeriste Marian Goodman, la galerie des Douches se présente de plus en plus comme une fenêtre sur le monde photographique américain méconnu dans notre Hexagone. C’est par l’intermédiaire de l’excellent tireur de Vivian Maier, Steve Rifkin que Tom Arndt a pu être exposé. « Vous voulez connaître un meilleur tireur que moi ? Regardez le travail de Tom » aurait lancé Rifkin. C’est donc Arndt lui-même qui tire ses épreuves. Lui, qui maîtrise toute la chaîne de sa création. Une création humaniste, sans forcément lorgner du côté de Doisneau.Bienveillante, aimante, nécessairement humaine. Sur les foules, les grands rassemblements populaires ou les portraits plus individuels, Arndt pose un regard attendri, sans ironie aucune. Premier degré. Sans double lecture, ainsi se présente le réel de ce photographe contemporain de Robert Frank avec qui il collabora un temps. Certaines de ses prises partagent d’ailleurs les mêmes lignes, le même esprit. Notamment, cette façade d’où quelques têtes émergent par une fenêtre, sous une bannière étoilée. On croirait voir un cliché de The Americans. Puis ces « Américains » disparaissent, s’estompent peu à peu, laissant place à un monde dépeuplé, plus flou, plus poétique aussi. Les images sont auréolées de buée, de fumée, les contours sont moins nets et la dynamique est encore plus personnelle. Le style évolue sans pour autant se travestir.
Fidèle au noir et blanc, Arndt est un classique. Il a beau tordre les perspectives ou faire vaciller les cadres, à la façon de la Nouvelle Objectivité ou de l’expressionnisme, il reste un moderne en sourdine qui ne s’y engouffre pas à tout prix et regardera toujours la couleur comme un obstacle. Aussi, ses images d’aujourd’hui ont-elles un pied dans le passé. Les deux jeunes enfants dans la pelouse, de dos en 2008 semblent avoir traversé le temps depuis les années 50. Voilà peut-être ce que l’on nomme un sentiment d’éternité.