Mireille Blanc — Galerie Dominique Fiat
Les sujets humains ont peu à peu déserté les toiles de Mireille Blanc. Repeuplées par des objets, celles-ci ne manquent pourtant jamais de vie et ne regardent que très rarement vers la vanité.
Suffisamment reconnaissables et identifiables pour garder un pied sûr dans la figuration, les reconstitutions de Mireille Blanc n’en sont pas moins abstraites. Avec un art certain du décadrage, ses formes s’assurent le franc visage du visible, en même tant qu’elle trahissent un fantasme de réalité.
De cette belle distance prise par rapport à la représentation, naît un académisme très contemporain. « Académiques » comme l’auraient été celles de Chardin, ses lignes semblent épouser fidèlement les contours physiques des sujets peints. « Contemporain » car l’artiste semble saisir l’esprit du temps. Celui d’une génération certainement nostalgique du kitsch d’autrefois, d’une génération qui dépose ses cigarettes dans des cendriers vieillots qu’elle veut faire siens. Il y a comme une dévotion au passé dans ses toiles, un goût du vieilli, du vintage (vingt ans d’âge), une passion pour des bibelots chinés dans des brocantes qui convoquent toutes les vies qui ont eu cours avant les nôtres.
Mireille Blanc — Reconstitutions @ Dominique Fiat Gallery from February 1 to March 29, 2014. Learn more D’ailleurs, elle a veillé à ne plus représenter les hommes, ou alors seuls leur corps, dont la tête sort toujours du cadre. Comme pour maintenir une ambiguïté sur l’époque dépeinte (une époque qui serait, comme ses sujets, décapitée), Mireille Blanc s’inspire de vieilles photographies tirées d’albums de famille, achetées aux puces ou dans des vide-greniers. En guise d’attachement à tous ces anonymes, qui sous son pinceau ne le sont plus, l’artiste les représente en les (re)couvrant d’une couche épaisse de peinture, bienveillante, aimante. Pour s’approprier d’autres vies, d’autres histoires en mélangeant son trait à la mémoire collective.Les dessins et les peintures de Mireille Blanc semblent crier un manque et une certaine inconsistance d’une époque qui se retourne sur les précédentes.