Panorama 09/11
Giuseppe Gabellone ••
Cette quatrième exposition personnelle de l’artiste à la galerie Emmanuel Perrotin, très délicate, offre un jeu subtil et continu entre sculpture et photographie. Correspondance où les langages se mêlent jusqu’à se confondre. Sculpture photographiée, sculpture de photographies ? Il faut s’attarder surtout dans la dernière salle autour des quatre sérigraphies sur verre, sublimes et émouvantes pour se laisser surprendre par leur immédiate présence. Puis revenir aux bas-reliefs en bronze ou en aluminium qui semblent s’inspirer d’une forme primitive rupestre presque sacrée conférant à l’exposition un tour initiatique. — L.C.-L. — Giuseppe Gabellone à la Galerie Emmanuel Perrotin du 10 septembre au 15 octobre 2011.
Vincent Ganivet ••
Il y a incontestablement quelque chose de fort dans la pièce majeure de l’exposition, dont l’histoire (la destruction quelques mois auparavant suite à des mouvements du terrain) donne des allures de revanche sur la fragilité. Revanche aussi sur ceux aussi que ses sculptures n’avaient que peu touchés lors de l’exposition Dynasty. Car avec ses Caténaires vrillées et sa Tour Triple Helicoidale aux allures de totem industriel présentées dans Noli me Tangere, l’artiste affirme encore un peu plus sa démarche en trouvant le point de rencontre subtil des questions de la forme à de la possibilité même de l’existence de son œuvre. Et même si ses Fontaines ne partagent pas la même force, elles n’empêchent pas de voir là une très belle promesse pour les œuvres à venir. — G.B. — Noli Me Tangere — Vincent Ganivet à la galerie Yvon Lambert du 10 septembre au 09 octobre.
Esther Stocker ••
Impossible de passer à côté de l’installation d’Esther Stocker qui investit la galerie Alberta Pane de sa lecture à géométrie variable du monde. Œuvre imposante, ses bandes dessinent une topographie nouvelle dans l’espace d’exposition, prenant le spectateur au piège de son déploiement pour en faire un élément même de sa composition. Portée par un questionnement lié à l’histoire de l’art (référence à l’Abstraction géométrique et à l’Op-Art) autant qu’à la possibilité de faire dériver l’ordre social, cette première exposition personnelle offre un retournement inédit qui fait de la galerie une véritable œuvre d’art. Car finalement, c’est presque depuis l’extérieur de ce petit espace que l’effet est le plus frappant, laissant apercevoir derrière sa vitrine des entrailles contondantes, dont les lignes cassées imposent une forme agressive et intrigante. — G.B. — Dirty Geometry — Esther Stocker à la galerie Alberta Pane du 10 septembre au 15 octobre.
Kirill Chelushkin ••
Jouant et déjouant les symboles, il impose la force de son regard sur les révoltes autant que l’aveuglement borné des pouvoirs qui dépassent l’homme et l’abandonnent à son triste sort. Si l’on peut se questionner sur l’excès symbolique de certaines pièces, impossible de ne pas se laisser happer par la terrible force et la véritable beauté que dégage l’ensemble de cette exposition. — G.B. — Foolishness — Kirill Chelushkin à la galerie Rabouan-Moussion du 10 septembre au 08 octobre.
Laurent Le Deunff ••
Laurent Le Deunff crée un univers protéiforme où les matières constituent autant de pièces d’un jeu exquis et déviant, où les contraires s’attirent et attisent un décalage d’une drôlerie et d’une inventivité surprenantes. Ruptures d’échelle, ruptures de rythme, ruptures formelles, c’est à sa liberté qu’on mesure la force de l’œuvre de cet artiste naviguant entre obsession et approximation, toujours au service de la forme. Matières pauvres, pierres précieuses, accumulations et minutie virtuose, l’exposition personnelle de Laurent Le Deunff parvient à trouver, dans cet éclectisme, une unité renversante, aussi jouissive qu’impressionnante. — G.B. — Laurent Le Deunff à la galerie Sémiose du 10 septembre au 08 octobre.
Armand Jalut ••
Avec la série présentée par la galerie Michel Rein, Armand Jalut poursuit son geste pictural en flirtant avec les limites du kitsch sans jamais tomber dans le cynisme. Un ensemble saisissant d’œuvres dont la bizarrerie et la préciosité imposent avec force le regard singulier d’un artiste dont la démarche s’affirme encore un peu plus. — G.B. — Armand Jalut à la galerie Michel Rein du 03 au 24 septembre.
Jannis Kounellis ••
Une entrée passionnante dans l’œuvre Jannis Kounellis qui martèle, dès le début de sa carrière, sa vision d’un art dépassant les valeurs traditionnelles de la représentation. Mélange de signes objectifs et de matériaux communs, elles dressent une cartographie mystérieuse, entre rébus et chasse au trésor, des chemins qu’empruntera sa création par la suite. — G.B. — Jannis Kounellis à la galerie Karsten Greve du 03 septembre au 08 octobre.
Mathieu Cherkit •
Indéniablement, il y a quelque chose qui fonctionne dans l’univers flottant de Mathieu Cherkit. L’artiste a beau pratiquer une peinture de la figuration décidément très en vogue, briser les perspectives comme nombreux l’ont fait avant lui, se concentrer dans cette exposition sur un sujet personnel aux allures de nostalgie régressive, il parvient, au fil des tableaux, à créer un véritable attachement. Transcendant son sujet, son style et sa peinture pour en faire une œuvre ouverte plutôt que banale, touchante plutôt que naïve, Mathieu Cherkit parvient à créer une mélancolie lancinante inattendue. — G.B. — Mathieu Cherkit à la galerie Jean Brolly du 03 septembre au 08 octobre.
Vincent J. Stoker •
Impossible de ne pas être happé par les images que rapporte Vincent J. Stoker de ses expéditions à la recherche de structures délaissées. Sous le poids de ces espaces vides, de ces objets comme abandonnés à la hâte suite à une panique générale, les grands tirages de Stoker, à l’image de l’immensité de ces déserts modernes, créent un vertige indéniable. Mondes abandonnés fascinants de décrépitude et de souffrance solitaire, ces univers silencieux sont pourtant les stigmates de sociétés contemporaines, laissés sur le bord de la route et promis à la disparition. Mais si Vincent J. Stoker capture la trace de l’effacement en marche, si le choc des images est indéniable, on ne peut s’empêcher de questionner la portée créative de la démarche, de ce que l’artiste, au-delà de s’y intéresser, fait de ces espaces. — G.B. — Heterotopia — Vincent J. Stoker à la galerie Alain Gutharc du 10 septembre au 08 octobre.
Leiko Ikemura •
Un univers éthéré et onirique que la somme conséquente d’œuvres permet d’appréhender dans toute sa complexité. Car si l’on peut rester perplexe devant la naïveté de certaines compositions (notamment les jeunes filles accompagnées de chats), d’un ésotérisme classique presque suranné, Leiko Ikemura transperce ce mur de facilité et déploie par la suite une myriade de nouvelles formes qui donnent à sa figuration une puissance inouïe. C’est alors toute l’étendue de cette technique picturale singulière qui mêle virtuosité et innocence qui se révèle, comme la réflexion d’un imaginaire foisonnant dans la substance aqueuse de sa peinture. Et entre les aquarelles et sa formidable composition Bluescape, Ikemura nous entraîne dans un carrousel d’absence et de surgissement. — G.B. — Leiko Ikemura à la galerie Karsten Greve du 03 septembre au 08 octobre.