
Paulina Peavy — Galerie Emanuela Campoli
Voyage des formes et des esprits à la galerie Emanuela Campoli avec une monographie d’envergure consacrée à l’artiste américaine Paulina Peavy (1901–1999), qui nous laisse un œuvre dont la singularité tient à un découplage radical entre la main et la pensée, entre l’identité et la voix, au profit d’une conscience démultipliée, traversée par des dialogues métaphysiques, ésotériques et sensoriels.
À travers l’invocation de Lacamo, entité supra-humaine et guide cosmique, Peavy transforme son art en interface entre mondes visibles et invisibles, en laboratoire d’une nouvelle lecture du réel. Une mise en scène d’un autre qui se fait archétype jungien, un pont vers l’inconscient collectif, catalysant une vision spirituelle débarrassée des catégories de son époque. Peavy rend ainsi l’inconnu opérant et efficient dans la matière, mettant en cause une tradition qu’elle retranscrit à l’aune de nouveaux paradigmes.
La scénographie de Vera Alemani donne justement corps à cette tension entre densité organique et éther spirituel. Les masques exposés, tout comme les couches translucides de ses toiles, canalisent des fréquences invisibles où les formes, les couleurs et les sons sont des échos d’un monde alternatif et essentiel à la compréhension symbolique du réel.
Riche de ce rythme brisé en continu, l’exposition propose une traversée initiatique où le motif dépasse sa fonction formelle pour vibrer hors du temps, hors de l’espace ; à plein dans son époque. Une plongée vertigineuse et riche dans des expériences sensorielles qui jouent de l’expérimentation rituelle et trahissent un plaisir de la ligne, un désir de mouvement dans la composition qui donnent toute sa cohérence à ce corpus qu’il était urgent de redécouvrir.
Paulina Peavy, Works 1930s — 1980s, galerie Emanuela Campoli, Paris, du 07 juin au 19 juillet 2025 En savoir plus