Correspondances à l’Espace culturel Louis Vuitton
Au-delà de ceux qui s’emparent de la forme épistolaire pour déjouer les pratiques muséales et le fétichisme qu’elles sous-tendent, les peintures aéropostales d’Eugenio Dittborn ou les boîtes Fedex de Walead Beshty, loin de se dérober à de tels rouages, en font un lieu de questionnement sur la nature double de l’œuvre : objet prosaïque durant le
transport ; objet esthétique à l’arrivée. Encore l’originalité réside-t-elle moins dans le mode de diffusion que dans la nature expérimentale du récit qu’il induit. C’est bien le cas de 100 Boots, installations d’Eleanor Antin qui, réorchestrées en une série de cinquante et une cartes postales, proposent ici une forme inédite de narration.
Au fil du parcours, apparaît aussi une esthétique de la projection mettant en jeu l’hypothétique de toute œuvre, son pouvoir herméneutique. Avec Package Project de Stephen Antonakos, le « paquet », jamais ouvert, se fait ainsi corps fantasmé et témoigne d’une impossibilité de déployer le réel. Enrichie des pièces de Guillaume Leblon — mises en scène de portes avec boîtes aux lettres — et d’un film inédit de Clarisse Hahn, l’exposition dépasse le confluent a priori paradoxal du cadre institutionnel et du Mail Art. Espace rêvé associant l’art et la vie ; telle pourrait être la dialectique de cet entrelacs de signes où s’éprouve, avant tout, l’élan dialogique.