David Goldblatt — Galerie Marian Goodman
Après une large rétrospective à la fondation Henri-Cartier Bresson consacrée en 2011 à David Goldblatt (né à Randfontain, près de Johannesburg), c’est au tour de la galerie Marian Goodman de rappeler combien ce grand photographe sud-africain, octogénaire, manque au paysage photographique français.
David Goldblatt — Structures of Dominion and Democracy @ Marian Goodman Gallery from September 6 to October 18, 2014. Learn more Consacrée à la série emblématique Structures, prise dans les années 1980-1990, l’exposition ressemble à celle que l’on pouvait voir au MoMa, en 1998. À la différence qu’aujourd’hui l’apartheid a pris fin et que Goldblatt a depuis, et jusqu’à aujourd’hui, illustré ce changement de valeurs à travers l’urbanisme et le nouveau visage des Sud-Africains. La construction, ou plutôt reconstruction comme témoignage d’un changement d’ère et d’une révolution des idées. Ses images s’attardent ainsi sur les édifices de commémoration pour rappeler combien le « Baasskap », ou domination du blanc sur le noir en vigueur plus ou moins intensément de 1660 aux années 1990, a marqué le pays et reste dans tous les esprits comme une blessure éternelle.Comment figurer le régime politique des habitants mieux qu’en photographiant ses habitations ? Le bâti ne ment jamais semble dire Goldblatt. La structure architecturale, fonctionne ainsi comme une colonne vertébrale du contexte socio-politique et comme indice assez précis de la situation plus ou moins démocratique des cités. Aussi Nadine Gordimer, parlera-t-elle « d’histoire visuelle d’un pays et de ses habitants » au sujet de ces images criantes de vérité. Goldblatt dira lui-même dans le film diffusé à la fin du parcours : « Beaucoup de nos édifices en disent long, avec une transparence et une clairvoyance extraordinaire, non seulement sur la qualité de l’existence et les besoins, les prétentions, les désirs, les peurs de ceux qui ont construit et qui utilisent ces édifices, mais aussi, bien souvent, sur les croyances vitales et les idéologies auxquelles les vies sont subordonnées ici. »
Sur les deux étages de la galerie, les grands formats en noir et blanc n’épargnent pas le visiteur, mis au pied du mur de souvenirs tragiques que vient parfois contrecarrer l’espoir. Très contrastées, les images tirent plus vers le blanc que le noir. Sans doute un trait de la démarche du photographe qui ne juge pas mais montre et tend vers une asymptote neutre.