Ida Ekblad, A Deep Medicine — Galerie Max Hetzler
Pour accompagner son exposition en cours jusqu’au 27 juin à la galerie Max Hetzler, Slash vous propose de découvrir la série de toiles A Deep Medicine d’Ida Ekblad, qui nous offre un aperçu de ses dernières productions.
Habituée à recomposer, à tisser au gré de trouvailles parmi les rebuts de la vie les fragments de narration à composer, Ida Ekblad se jette ici dans la fabrication à nouveaux frais d’images qui, au lieu de se voir remontées à l’aide de restes d’autres, apparaissent comme des collages de percepts, images mentales abandonnées ici métaphoriquement par des œuvres de la culture populaire dans son esprit. Une « dématérialisation » qui n’enlève rien au foisonnement créatif d’Ekblad, qui se cache ici derrière une neutralité d’observatrice narrant à son tour les soubresauts d’un esprit habité par les accumulations, les hallucinations.
De cette somme de contraires et d’éléments étrangers l’un à l’autre naissent donc des allégories de souvenirs partagés qu’Ida Ekblad enfouit dans un tout organique qu’elle souligne au long de titres jouissifs reflétant une pratique sensuelle de la peinture. « Laisser les huiles s’accumuler, sédimenter, s’étaler, et se transformer en champignons » nous dit-elle, « verser le jus, ajouter de la sauce, toujours plus de sauce » pour opérer une synthèse jouissive entre un avenir digital esquissé, un passé riche de son obsolescence alors loin d’être programmée et un psychédélisme du présent.
Cette tension entre l’immatériel et le rapport concret à la matière, entre le souvenir ancré et l’oubli collectif, l’hallucination de masse et le rêve de mondes alternatifs dessine alors des images qui sont autant de variations d’un même remède à la nostalgie ; autant de portraits de molécules imaginaires composant les principes actifs d’un médicament rêvé à la mélancolie.