La maison rouge — Quatorze ans d’expositions
La maison rouge présente sa dernière exposition, L’Envol, qui clôt un chapitre passionnant de l’histoire de la culture à Paris. Impossible de ne pas être nostalgique en repassant les superbes expositions de la maison rouge qui ont rythmé ces quatorze dernières années. Nous avons souhaité lui rendre hommage.
Impossible également pour nous de ne pas rendre un hommage appuyé à cette maison qui nous a toujours surpris, toujours remis en question et continuera de nous inspirer. Si nous lui souhaitons, avec cette dernière exposition, un « envol » que l’on souhaite le plus doux du monde, nous avons souhaité proposer un retour au gré de souvenirs, forcément subjectifs et en aucun cas hiérarchisés (ni surtout exhaustifs) d’expositions majeures qui ont été autant de rencontres et continuent d’imprimer leur marque sur notre esprit.
Henry Darger (2006)
La maison rouge affirme dès les premières années suivant son ouverture la place majeure qu’elle accordera aux artistes autodidactes dont les œuvres trouveront un écho formidable au sein de ces murs. Sans discours revendicatif, sans opposition stérile, ces artistes singuliers dans l’histoire de l’art sont montrés à la maison rouge dans leur singularité et leur force, à l’image de l’exposition Henry Darger qui révélait avec force au public parisien la nécessité d’un lieu libre capable d’organiser une exposition d’envergure à ce peintre qui trouva auprès d’un large public une fabuleuse renommée.
Eric Pougeau (2010)
Eric Pougeau, qui bénéficiait avec cette installation dans le patio d’un écrin à sa mesure qui traduisait aussi bien la liberté du créateur que le courage de l’institution, l’une des seules à avoir eu l’audace de montrer cet artiste précieux. Sa tombe, gravée de l’expression, « Fils de pute » engage notre rapport à la mort, à la vanité, mais aussi le collectionneur Antoine de Galbert qui s’est engagée à restituer cette œuvre dans le cas de décès de l’artiste.
Berlinde de Bruyckere (2005)
Violence sourde et silence de mort hantaient la renversante première exposition de l’artiste flamande Berlinde de Bruyckere à la maison rouge dont les sculptures aux allures de cadavres humains et équins allaient bouleverser la planète du monde de l’art jusqu’aujourd’hui.
My Winnipeg (2011)
Lorsque la fondation décide de consacrer un cycle d’expositions à la scène artistique de villes du monde entier, l’idée, d’abord, étonne pour ensuite convaincre par sa force, ce regard singulier sur des échos intimes de villes qui deviennent théâtres de dialogues libres et passionnés qui inscrit ces aventures comme des jalons essentiels de l’histoire du lieu. Johannesburg et Buenos Aires suivront cette exposition inaugurale qui nous avait à l’époque sidérés, avec la même force.
Warhol TV (2009)
Le pari de présenter Andy Warhol comme personne. Une exposition aux allures de plateau télé qui avait plus que réussi son pari et révéler une part intime et méconnue de la légende, se permettant au passage de traire émerger des liens secrets noués dans ses œuvres.
Gregor Schneider (2008)
Certainement l’une des expositions les plus marquantes de l’institution avec une plongée du visiteur par un artiste radical, lauréat du Lion d’or de Venise en 2001, au cœur d’un labyrinthe vide constitué d’une succession d’espaces inquiétants ouvrant sur une réflexion autour de l’espace, du cloisonnement et de la claustrophobie. Méconnaissables, les espaces de la maison rouge devinrent durant l’exposition le tombeau de peurs secrètes et d’angoisses intimes qui ne pouvaient s’extérioriser et que le temps n’a pas effacées.
Mika Rottenberg (2009)
Une exposition magistrale de cette artiste à l’univers oscillant entre absurde, critique sociale et plaisir de la matière. Une plongée jusqu’à l’overdose que La maison rouge magnifiait au long d’une exposition aux allures d’installation totale.
Marie Cool & Fabio Balducci (2008)
L’une des grandes expositions de ce duo phénoménal de sobriété, d’intelligence et de profondeur qui prolongèrent leurs expérimentations dans un espace à leur mesure qu’ils occupèrent et habitèrent véritablement durant toute la durée de l’exposition, proposant un ballet quotidien de tâches dont la répétition révélait une poésie du geste autant qu’une étourdissante parabole des murs de notre liberté.
Lionel Sabatté (2018)
L’artiste français aura été l’un des derniers invités à concevoir une installation dans le patio de la maison rouge. Un décor halluciné où l’organique se décline dans sa pluralité, du végétal au minéral en passant par le règne du vivant, fondu dans cette jungle qui fait « corps » pour mieux l’accueillir et en constituer la demeure. Un projet qui rappelle l’engagement de la fondation auprès de la création contemporaine et notamment la scène française qui y trouvait un soutien de poids.
Retrouvez ici tous les articles que nous avons consacrés à la maison rouge :
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Lire notre article Hélène Delprat
Lire notre article Nicolas Darrot
Lire notre article Eugen Gabritschevsky
Lire notre article My Buenos Aires
Lire notre article Berlinde de Bruyckere, Philippe Vandenberg
Lire notre article Théâtre du monde
Lire notre article Sous influences
Lire notre article Retour à l’intime
Lire notre article Louis Soutter