Olivier Marty — Espace d’art Camille Lambert — Juvisy
Artiste, paysagiste et vidéaste, Olivier Marty développe un processus de travail dans un aller-retour entre des territoires qu’il parcourt et son atelier. Durant ses déplacements, il prend des notes graphiques et enregistre des plans vidéos qu’il associe ensuite de retour chez lui. Sa recherche picturale tend à rendre visible l’impression d’une étendue, d’un espace où le regard peut circuler.
Présentés au sol, légèrement surélevés sur un socle bas, des dessins de la série À marée basse invitent à songer à un paysage de rochers partiellement immergés face auxquels nous pouvons ressentir une sensation de proximité avec les éléments dessinés. Sur un mur, en dialogue avec cette série, sa grande peinture Laisse de mer est constituée d’une diversité de signes, tel un vocabulaire graphique semblable à une légende de carte : d’un côté, une recherche d’un vide et de l’autre une superposition de touches et de formes colorées, suggérant la laisse de mer. On imagine alors le processus lent de la marée. Le parcours de l’exposition invite à une promenade à la rencontre d’éléments qui ont captivé le regard de l’artiste. Face à ses toiles, le regard circule en étant constamment attiré par les couleurs qui interagissent entre elles.
Olivier Marty privilégie une recherche de spatialité. Il compose ses peintures par strates, les structure à la manière d’un paysagiste qui organise l’espace et fait avec l’existant, le transforme en associant plantations et circulations. Certaines résultent d’un processus lent de recouvrement, d’effacement et de surgissement de formes, tels des souvenirs qui remontent à la surface. Parfois, une couleur domine tout en laissant apparaitre les traces de gestes picturaux qu’elle recouvre. Des indices de paysages périurbains se lisent également dans trois dessins au crayon graphite sur papier. Telles des prises de notes de ses observations, ces travaux sont à la limite de l’esquisse et de l’ébauche. À la fois équilibrés sur la page, très construits et spontanés, ils révèlent l’expérience d’une attention aux vallées de la Dordogne et de la Vézère dans le cadre d’une résidence.
Ses céramiques qu’il nomme Jardins ont la particularité d’être à l’échelle de la main, comme s’il était possible d’emporter un fragment de jardin avec soi : une manière de se souvenir d’un moment d’attention à un détail de végétation ou à des associations de plantes aux nuances colorées. Il traduit son observation des exploitations agricoles dans des peintures et des monotypes nommés Pépinières, où il suggère la régularité de plantations. L’artiste agence sa toile en plusieurs parties et travaille par couche de peintures, révélant ainsi le parcellaire et les limites de terrain.
La musique participe à l’expérience picturale de l’artiste, qui se considère essentiellement improvisateur. Il répond volontiers à des règles du jeu ou des contraintes lorsque celles-ci ouvrent des voies plastiques. Deux vidéos sont présentées en contrepoint des tableaux et dessins : elles invitent à prendre le temps de découvrir les paysages qu’il a parcourus. La dimension musicale confiée à des compositeurs s’ajoute aux plans filmés, et déplace dans un univers abstrait l’interprétation de la traversée des paysages.
Ainsi, l’exposition invite à un cheminement du regard d’une densité de signes et de surfaces colorés à des espaces de respiration rythmés, propices à la méditation et au voyage mental.