Panorama 08/11
My Winnipeg à la Maison rouge •••
Avec son angle accrocheur (la découverte d’une ville par sa production et son histoire artistique), son maëlstrom d’œuvres décalées côtoyant les pièces les plus pointus et sa scénographie explosive, My Winnipeg accroche, détonne et foudroie pour finalement dessiner le portrait en forme d’exercice libre d’une histoire commune parcourue des traces de chacun. — My Winnipeg à la Maison rouge, du 23 juin au 25 septembre 2011.
Claude Cahun au Jeu de Paume ••
Dans une belle pénombre, le parcours de l’exposition, agit comme un cri et exprime toute la rage et la morgue d’une œuvre activiste. Celle de Claude Cahun qui pense sa création contre tous ces regards susceptibles de ranger, classer ou affilier. Chacun des tirages présentés ici participe ainsi du fantasme de l’artiste d’une abolition du jugement binaire et de sa poursuite d’un idéal neutre qui atteindrait l’universel. — Claude Cahun au Jeu de Paume, du 24 mai au 25 septembre 2011.
Itinéraire Bis au Mac/Val •
Si sa scénographie n’atteint pas l’intelligence des précédentes expositions et si elle échoue à faire vivre une véritable problématique en présentant des œuvres à la limite du hors-sujet, Itinéraire Bis ne manque toutefois pas de charme. Car si elles ne dialoguent pas ou peu entre elles, certaines pièces de la collection méritent largement le détour. Une exposition en demi-teinte donc, qui aurait gagné à plus d’inventivité, à l’image du parti-pris ludique du journal édité pour l’occasion, dont la légèreté bienvenue ne se reflète malheureusement pas dans le parcours. — Itinéraire Bis au Mac/Val, du 25 juin au 18 septembre 2011.
Paris-Delhi-Bombay au centre Pompidou
Un grand parcours pour une grande ambition ; faire revivre ces expositions historiques d’un centre Pompidou alors en pleine forme, qui croisaient les œuvres, les regards et les voix de Paris aux capitales internationales. Quelques années plus tard et armé d’une sélection sans grande envergure (des commandes passées aux artistes français dans le vent plus qu’inégales à la valse hésitation du commissariat entre découverte et pédagogie trop appuyée), le pari osé de Beaubourg se noie sous la profusion hétéroclites, incapables de dessiner une véritable problématique, et encore moins un dialogue. Si elle abrite indéniablement quelques réussites, Paris-Delhi-Bombay se noie sous sa propre avidité ; faire de l’Inde l’îcône pop new-age que la France rêve qu’elle soit. — Paris-Delhi-Bombay au centre Pompidou, du 25 mai au 19 septembre 2011.
David Shrigley à la galerie Yvon Lambert •
Avec ses illustrations confinant à l’idiotie, Shrigley revisite à sa manière les grands concepts de la vie à l’aune de sa propre expérience pour offrir, avec cette exposition, un parcours drôlatique et léger. Car derrière l’apparente naïveté des images, la conjugaison du titre et du dessin touchent chez Shrigley à un comique de répétition d’une noirceur aussi monocorde qu’extravagante. Et lorsque les fantaisies et les souvenirs d’un artiste viennent se confronter aussi frontalement au réel, l’absurde prend le pas. Au cœur d’un paysage irréel, semé d’œufs de dinosaures surmontés d’une plate inscription « Egg », deux cents dessins comme autant de vignettes d’un album à ciel ouvert sillonnent les cimaises de la galerie, offrant çà et là quelques pépites proprement réjouissantes. Mais si l’accumulation offre un certain charme, on croule bien vite sous le poids du procédé systématique de l’artiste. Et si certains dessins parviennent à pousser le sens assez loin, provoquant une mise en suspens de la logique, l’ensemble, trop uniforme, échoue à offrir une véritable proposition artistique et, malgré son inventivité burlesque, se réduit à la compilation mécanique des œuvres récentes. — David Shrigley à la galerie Yvon Lambert, du 6 juillet au 31 août 2011.