A Personal Sonic Geology — Le Plateau
Réunion inédite au Plateau avec « A Personal Sonic Geology », projet mené par Mathieu Copeland et Philippe Decrauzat. Depuis 2012, le critique d’art et l’artiste réalisent des vidéos nées du désir de « filmer le son, d’enregistrer des lieux et de plonger dans la matière des processus de fabrication et de destruction ».
A personal sonic geology — Une exposition de Philippe Decrauzat et Mathieu Copeland @ Frac île-de-france, le Plateau from May 13 to July 26, 2015. Learn more À travers une scénographie qui vise à l’immersion du spectateur, l’exposition A Personal Sonic Geology propose une plongée au cœur de la création avec l’intervention d’une multitude d’artistes, plasticiens ou musiciens dont l’apparition, en surimpression, produit un défilement d’images intrigantes et ambigües. Car avec ce programme de vidéos modifié chaque semaine, Mathieu Copeland et Philippe Decrauzat dépassent le simple cadre de l’exposition pour fomenter un dispositif de mise en scène, à travers des tableaux animés, de la pratique des autres. Une géologie bien particulière car les deux auteurs convoquent ici des rencontres passées, archivées sur papier film gravé des deux côtés. Une fouille qui ne partage avec la science ni sa méthode ni sa démarche mais bien son désir brûlant de produire un contenu de sens, voire de vérité.Et, de ces images plus proches de l’impressionnisme que du documentaire vidéo, ressort le sentiment que musiciens, plasticiens, artisans partagent un même langage, une même langue sonore faite d’intensités, de fulgurances et de silences. Les actes, les gestes et les mouvements scandent un rythme silencieux, hors de toute musicalité, dans la maîtrise ou la fureur. Projetées simultanément dans divers formats et sur des toiles de couleurs différentes, chaque vidéo recouvre tous les murs du Plateau, dépouillé de ses cloisons, comme pour mieux laisser ricocher la lumière et le son.
Les images s’emmêlent et s’entremêlent, fomentant dans l’espace un dialogue visuel au sein duquel on déambule au gré de ces variations légères. Tandis que le corps est invité à se mouvoir dans l’espace, les images restent les mêmes, ou plutôt, la position du spectateur (dans la salle, hors de la salle) ne modifie pas sa perception de la progression des films. Les teintes propres à chaque toile accueillant la projection deviennent elles, les seuls indices géographiques d’un dispositif qui déjoue les contradictions entre singulier et pluriel. Deux auteurs deviennent ainsi les artisans à quatre mains de pièces jouées par des artistes eux-mêmes en plein acte de création.
Une expérience du trouble que renforce l’accompagnement sonore ; un déluge de décibels qui contribue à tisser le son au creux d’images jusqu’à l’y sourdre. La confusion participe à l’implication personnelle au creux de cet espace-temps qui invite à trouver l’image au « lieu » du son et active la bipolarité du terme « sonic », aussi bien lié au fait sonore qu’à sa vitesse, comme perpétuellement en retard sur des images qui les précèdent.
« A Personal Sonic Geology » déploie ainsi une inventivité et une réflexion en phase avec les positions du Plateau qui permet de repenser (et repousser) une nouvelle fois les limites de l’exposition pour tenter d’en penser un objet singulier, dispositif expérimental d’immersion dans la création.