Farid Rasulov — Galerie Rabouan-Moussion
Farid Rasulov, né en Azerbaïdjan, diplômé de médecine, a créé l’année dernière un fol engouement à la 55ème biennale de Venise. La galerie Rabouan Moussion consacre à ce jeune trentenaire sa première exposition personnelle en France, où il renouvelle l’expérience de l’installation « all over ». Une réussite visuelle autant que conceptuelle.
« Farid Rasulov — Dogs in The Living Room », Galerie Rabouan Moussion du 6 septembre au 11 octobre 2014. En savoir plus Totale et créée sur place, Dogs in The Living Room immerge dans un monde qu’il sera difficile de quitter. Pourtant, l’ambiance y est étrange. L’intérieur feutré oscille en effet entre le salon accueillant et l’anti-chambre pleine de questions en suspend, de mystère non résolu. Du sol au plafond, le tissu tendu et accroché est identique en tout point. Répétition sérielle qui ferait presque tourner la tête. Agite et stimule en tout cas l’esprit. Dans toutes les pièces de la galerie, il impose une harmonie qui fait sens et devient une mélodie connue. Farid Rasulov, à travers ce motif, évoque son Caucase métaphorique, région d’union soviétique dissolue, tiraillée entre ancien et moderne, Europe et Asie. Si le mobilier est occidental — lampes, chaises, table — le motif, est lui oriental. Choc et confrontation des cultures, Rasulov questionne sans idéologie, sans dogme et met en scène sans doute la façon dont il vit et perçoit son identité. Mélange, mariage des formes et des matières, il trouve ainsi sa place à travers un ordre complexe et coloré.Au pied d’un fauteuil, un chien sculpté attend patiemment l’arrivée des visiteurs. Majestueuses, blanches comme de l’albâtre, lisses et brillantes, ses sculptures sont saisies dans un mouvement où la matière ne demande qu’à prendre vie. Figé, mais pour peu de temps, ce décor pensé pourrait bien se mettre à vaciller, tanguer. Comme le temps politique qui sous nos pas évolue sans que l’on en prenne la mesure.
Commissaire d’exposition : Azad Asifovich