France Japon — Galerie Dutko
Dans la continuité des événements d’une saison culturelle qui célèbre les 160 ans du traité d’amitié franco-japonaise, la galerie Dutko fait dialoguer créateurs nippons et français dans son espace de la rue Bonaparte.
« France / Japon », Galerie Dutko / Quai Voltaire du 5 septembre au 13 octobre 2018. En savoir plus Les lumières feutrées, les stores à demi fermés et les formes zen des œuvres exposées ce mois-ci à la galerie Dutko constituent l’ADN de l’atmosphère d’une exposition au titre évocateur : France / Japon. Passionné d’art contemporain, marchand, mais aussi pionnier de l’art décoratif, le directeur de la galerie, Jean-Jacques Dutko, a choisi de confronter le design gracieux de certains artistes japonais de sa galerie avec des artistes français hautement inspirés par le pays du Soleil-Levant. Au moment même d’un anniversaire qui scelle les liens de deux pays, cette exposition veut faire le point sur le réseaux d’influences que la culture japonaise du design a pu avoir sur une générations de créateurs français.Pour un oeil non-averti, il est très dur (voire impossible) de faire la différence entre les artistes français ou japonais tant l’esthétique convoquée est monolithique. D’une puissance méditative manifeste, les créations sont agencées dans une architecture qui n’est pas celle du white cube, mais qui reconstitue plus ou moins le confort intime d’un appartement. La scénographie est réellement orchestrée, dans une justesse et une adresse qui sert le propos de ce qu’elle présente : de la céramique, de la peinture et une variété d’œuvres aux techniques hallucinantes. Car il s’agit aussi de cela, d’une approche technique et minutieuse de la sculpture, basée sur des méthodes « ancestrales » de la culture japonaise. Alors, comme une variation sur le thème de l’Extrême-Orient, tout un lexique évident de l’épure y passe : du corail, du Zen, du textile, du papier au byobu (paravent japonais) jusqu’au nénufar.
Même si sa virtuosité tranquille est familière, l’œuvre de Chieko Katsumata a cette capacité évidente de nous arrêter dans notre course. De prime abord, l’objet est difficile à fixer, sa texture et sa structure échappent au bon sens de la vision tant sa matérialité est confuse dans notre monde. On s’approche, on insiste pour comprendre quelle forme s’offre à nous, curieux. L’artiste — en Pygmalion d’une forme extraterrestre — crée des formes à la texture contradictoire dans des couleurs surréalistes qui évoque également les coraux. Ses œuvres (aux titres très littéraux) témoignent d’une technique lente (engobes colorés superposés) qui précise le propos du fondateur de la galerie : « À l’heure de ce siècle numérisé, accéléré, parfois déshumanisé, ces artistes japonais n’ont rien perdu de leur philosophie poétique ».
C’est donc dans ce discours qui prône le ralentissement du processus (notamment celui de création et d’observation) que s’inscrivent les œuvres de l’exposition France / Japon.