Huang Yong Ping à la galerie Kamel Mennour
Alors qu’une exposition est consacrée à Huang Yong Ping dans le cadre de la troisième édition de Lille3000, la galerie Kamel Mennour lui ouvre ses portes pour la deuxième fois. Pour l’occasion, cette figure emblématique de l’avant-garde artistique chinoise apparue dans les années 1980 s’empare d’un sujet typiquement français : le village de Bugarach face à la prédiction de fin du monde des Mayas.
« Huang Yong Ping — Bugarach », Galerie Kamel Mennour du 5 décembre 2012 au 26 janvier 2013. En savoir plus Habitées par des réflexions sur la religion, les œuvres de Huang Yong Ping ont notamment été révélées au public lors de son installation d’un gigantesque moulin à prière dans le Hall du Centre Pompidou dans le cadre de l’exposition Sur les traces du sacré qui s’y tenait il y a quatre ans. A la galerie Kamel Mennour, il ne renie en rien ces thématiques en s’intéressant à l’ésotérisme new age, une problématique qui lui permet là aussi d’explorer la notion de croyance. Et toujours avec une ironie subtile, un sarcasme amusé, laissant transparaître la vocation irrévérencieuse du mouvement qu’il créa à la fin des années 80, Xiamen Dada, en hommage à Marcel Duchamp, qui lui valut à plusieurs reprises d’être censuré. « Xiamen » étant la ville où il naquit, « Dada », le courant artistique qui du passé voulait faire table rase, ou plutôt de ses conventions sociales, culturelles, idéologiques.Mais c’est moins contre la tradition que s’inscrit l’artiste que contre l’aveuglement qu’elle peut induire. Aussi, nous livre-t-il une vision extrêmement amusée de la fin du monde par le biais d’animaux blancs empaillés décapités, disposés comme un troupeau aveugle, sans tête, déambulant dans la galerie. Faut-il comprendre ici que les « sans-têtes », les borgnes seraient les hommes qui croient à cette histoire, qui se prennent au jeu du récit Maya ? Les aveugles, les croyants sensibles à de telles prédictions ? Par le détour d’une installation qui évoque la galerie de l’évolution du muséum d’histoire naturelle, Huang Yong Ping fait preuve d’humour dans une mise en scène triviale de la naïveté. Aussi trivial qu’une pièce de boucher que vient rappeler le sang au cou de ces bêtes, figuré par du tissu d’un rouge carmin et vif.
Mais c’est sans cruauté aucune et plein de facétie, qu’il fait défiler biches et chevaux aux cous tranchés pour signifier avec la netteté d’un couperet qui fait tomber les têtes, que croire n’est pas savoir.