Lili Reynaud-Dewar, Vivre avec ça ?! — Galerie Kamel Mennour
La lauréate du 15e prix Fondation d’entreprise Ricard expose ses installations et vidéos à la galerie Kamel Mennour dans un espace-temps indéfiniment exquis. Lili Reynaud-Dewar se montre ici enchanteresse à l’esprit doucement révolutionnaire.
Lili Reynaud-Dewar — VIVRE AVEC ÇA ? ! @ Kamel Mennour Gallery from September 6 to October 11, 2014. Learn more Immédiate, l’immersion se fait par l’ouïe. Une musique électronique, itérative, tourne en boucle et circonscrit l’espace. Ici s’est tenue une fête, maintenant abandonnée. Ils ont dansé, sali les draps, puis tout le monde est reparti. Le monde a vibré sur une musique dont les échos forment le souvenir, les vestiges. Des lits dans une galerie. Des pyjamas sous plaque de verre sur les murs d’un white cube. Des auteurs classiques (Duras et Eileen Myles) qui émettent depuis des hauts parleurs installés à même les matelas, une musique intime… Lili Reynaud-Dewar s’amuse clairement ici à imbriquer privé et public. Est-ce à dire que les galeries lui sont devenues plus familières ? A-t-elle envie de montrer que l’espace d’une galerie d’habitude sacralisé peut avec le temps devenir chose commune ?À voir ses vidéos, réalisées depuis 2011 dans lesquelles, elle se met en scène, nue dans les musées où elle expose, son lien semble être devenu sensuel avec les institutions. L’épiderme nu, Lili, crée un lien fusionnel avec le decorum et le grand théâtre distancié des expositions. Ainsi, entre-t-elle dans l’histoire de l’art à sa façon. Elle amadoue, apprivoise, s’incruste dans le décor comme une œuvre le fait sur une cimaise. Trouve sa place. En dansant comme un faune contemporain, peinte en noir telle une statue d’ébène en mouvement perpétuel, elle insuffle la vie qui fait parfois défaut dans un musée. Outre, ses talents évidents de danseuse, il faut noter aussi sa capacité à hypnotiser le regard. Elle ne fait pas que danser, en rythme et merveilleusement, elle opère comme une charmeuse de serpent qui inviterait à la suivre où elle va. Sur ses pas, on navigue ainsi entre les œuvres, médusés par sa chair et son ombre sans imaginer pouvoir quitter ce monde peuplé d’œuvres.
C’est ainsi que l’artiste nous fait entrer avec elle dans le (petit) monde de l’histoire de l’art comme on entrerait dans une maison, par la petite porte, alors que les lits sont encore défaits.