Bruxelles au Palais de Tokyo : le week-end d’Indiscipline
Bruxellois et parisiens étaient réunis au Palais de Tokyo en ce premier week-end de septembre autour du festival Indiscipline. Retour sur un événement marquant de la rentrée artistique parisienne.
Au Palais de Tokyo, ce sont plus de 30 artistes résidant dans la capitale belge qui ont été conviés à présenter leur travail au cœur de Paris, investissant ainsi les nombreuses salles qu’offre le centre d’art. De midi à minuit, durant deux jours, Indiscipline donna une opportunité à chaque artiste invité de présenter sa performance, spectacle de danse ou encore ses installations. Indiscipline convia bien plus que des artistes ; c’est l’énergie de Bruxelles, capitale régionale, nationale et européenne qui fut révélée.
L’œuvre d’Ann Veronica Janssens nous accueille et donne le ton à l’événement. L’artiste, qui représenta la Belgique à la Biennale de Venise en 1999, crée ici un tatouage éphémère, que tout le monde arborera sur le bras au long du week-end : L’ODRRE N’A PAS D’IPMROTNCAE. Cette phrase, devenue l’un des symboles du festival, fut à la fois une belle introduction, mais aussi un signe de reconnaissance, temporaire, des participants et visiteurs à l’intérieur et à l’extérieur du Palais.
L’essentiel des artistes s’était installé au niveau inférieur du centre d’art, explorant ainsi les multiples atouts de ses salles, larges espaces et recoins insolites. La danse et la performance étaient à l’honneur, et tout à fait bienvenues au cœur du Palais, qui, semble-t-il, s’adapte à toutes les propositions. Les danseurs et performeurs, Radouan Mriziga, Youness Khoukhou & Pierre Droulers, ou encore Hana Miletic, ont investi de leurs voix et de leurs corps ce vaste lieu de passage qu’est la Grande Rotonde. Léa Drouet & Clément Vercelletto, ainsi que B. Fury & L. M. Jackson & R. Coster ont donné rendez-vous au public dans les espaces du Saut du Loup et du Point Perché. Ces salles offrent une grande proximité avec les artistes, qui semblaient se nourrir de l’énergie des spectateurs, dans une sorte de collaboration implicite. La mystérieuse et atypique Salle 37, salle de cinéma historique du Palais de Tokyo, accueilla des films et des performances, dans la pénombre, à l’écart des interactions mouvementées de la majeure partie du palais.
La particularité de ce week-end résida notamment dans l’accueil que chaque artiste avait réservé aux spectateurs. Au-delà de simples présentations, Indiscipline a permis aux artistes et visiteurs de vivre dans le même lieu durant tout le week-end. Les artistes devenant spectateurs dès que leur pièce se terminait, le Palais de Tokyo est devenu un espace d’échange et de vie, dans les cafés, restaurants et dans les alentours du Palais de Tokyo.
Tous acteurs, tous participants, cette règle d’or fut très justement illustrée par Sébastien Lacomblez et l’Entreprise d’Optimisation du Réel, qui clôtura le festival. Les plus chanceux ont pu intégrer une performance participative, qui attribua des missions à chaque personne présente dans l’espace de la Galerie Haute. Ainsi, pendant une heure, à un rythme effréné, chaque participant fut invité à participer à de multiples activités engendrant développement personnel et cohésion de groupe. À 22h, le dernier jour, un groupe de musiciens improvisés fut invité à créer un brouhaha en martelant activement des objets en plastique, suffisamment fort et longtemps que la mélodie qui s’en est dégagée et le rythme qui s’est créé donna, tout droit sorti du chaos, la note finale au festival.