Festival Côté court de Pantin, notre sélection Art vidéo
Depuis 25 ans, le festival Côté court célèbre la création cinématographique à travers les court-métrages, organisant une centaine de projections au Ciné 104 de Pantin.
Venusia — Louise Carrin
Une maison close, un fumoir, la tenancière du lieu, Madame Lisa et Lena, qui y travaille. À travers des bribes de leurs dialogues étalés sur plusieurs jours, Louise Carrin parvient à créer un portrait par résonances, échos de problématiques matérielles qui nous dépassent. Dans cette relation professionnelle et sentimentale, les rapports de force, de soumission et de nécessité résonnent comme une ligne de violence continue qui sourde derrière les efforts de ces femmes qui rient, discutent, se plaignent et luttent chacune à leur manière pour comprendre, vivre avec ce monde qui les bouscule et que l’une d’entre elles, Lena, semble essayer désespérément de rêver. Avec pudeur et retenue, Louise Carrin signe un film dont la simplicité et la dureté saisissent et émeuvent. (Diffusion jeudi 23 juin, 20h15)
A Brief History of Princess X — Gabriel Abrantes
Une superbe histoire mise en scène avec énergie et virtuosité, grâce notamment à la voix espiègle de Lætitia Dosch qui fait littéralement vivre tous les personnages de cet épisode majeur de l’art moderne, la naissance de la sculpture Madame X d’Auguste Brancusi. Dynamique, plaisant et touchant, ce récit fait surtout émerger la fabuleuse ambiguïté de l’œuvre et sa polyphonie tout en offrant le portrait d’une femme qui, de délicieusement tournée en dérision, devient une icône de la modernité et fait coïncider l’histoire de l’art et de la société.
Speech of Space Gorilla — Anna Buros
Derrière l’hommage décalé au film-culte Robot Monster, monument du kitch hollywoodien de la science-fiction, Anna Buros invente une fable philosophique à la limite de l’expérience scénique « in situ ». Son personnage principal, un gorille-robot de l’espace se voit confronté à un anti-Sisyphe occupé à jeter négligemment des pierres à flanc de falaise, dernier survivant de l’annihilation de la race humaine. De ce dialogue qui n’aurait pas dû se nouer, Anna Buros dresse un tableau vivant absurde décalé et drôle qui laisse voguer l’imaginaire au gré d’un travail de l’image fabuleux et des envolées de la superbe bande-son qui accompagne ce mythe délibérément bancal au charme boiteux. (Diffusion jeudi 23 juin, 22h)
L’Inséparé(e) — Vincent Dieutre
Autour du concept qu’il développe dans son livre L’Inséparé, le philosophe Dominique Quessada est le personnage central d’un huis clos qui, derrière ses allures de simple dialogue, repose sur une multitude de strates qui convoquent la question de l’image filmée. La parole, le plan et la pensée se mêlent ainsi en une succession d’abîmes où le réalisateur, Vincent Dieutre devient lui même spectateur et acteur de la rencontre qu’il orchestre entre théorie et fiction. Car la place du corps, statique ou en mouvement, est au cœur du film et parvient, à longueur de plans parfaitement maîtrisés, à incarner la tragédie, à incarner l’expérience de pensée. (Diffusion mercredi 22 juin, 20h)
Freaks — Pauline Horovitz
Avec sa verve et son sens du détail d’une drôlerie inégalable, Pauline Horovitz propose une nouvelle fois un documentaire sentimental incarné par des rencontres et des interactions qu’elle orchestre en virtuose. Autour de propriétaires d’animaux « repoussoirs » (serpents, insectes, etc.), Freaks fouille en profondeur notre rapport à une animalité « étrange » et dirige notre regard vers ces humains qui la vivent en passionnés. Ce qui en fait l’une des démarches les plus passionnantes de ces dernières années.
Et aussi…
Ils ont retenu notre attention et méritent amplement, nous en sommes sûrs, votre intérêt.
Le Park — Randa Maroufi
Expérience visuelle sidérante et hypnotique qui mêle fiction et réalité dans une traversée d’un parc abandonné où, comme suspendues dans le temps, les mises en scènes de confrontations violentes deviennent des tableaux vivants du désespoir et de l’abandon. (Diffusion mercredi 22 juin, 20h)
Save my Heart From The World — Jacques Perconte
Une expérience visuelle réjouissante et hypnotique d’une traversée maritime percluse de bugs et autres déformations de l’images qui dessinent des paysages en mouvement impossibles et fantastiques.
Journal afghan — Cédric Dupire
Une reconstitution audacieuse et passionnante d’un voyage intime à travers l’Orient à partir d’archives sonores et vidéos de 1965 qui nous confrontent à un regard et à ce qui était alors une véritable expérience. (Diffusion mercredi 22 juin, 20h)
Darwin Darwah — Arash Nassiri
Essai d’illustration visuel convaincant autour des théories fantasmatiques et paranoïaques d’explications du monde. Inspiré de ces mélanges de fantastique et d’une rationalisation, Arash Nassiri invente une plongée dans les entrailles d’un esprit encombré. (Diffusion mercredi 22 juin, 20h)
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