Salon de Montrouge 2022, un aperçu
Édition assez plaisante du Salon de Montrouge avec une grande part laissée à l’émotion et au mystère. Un biais de pénétration du réel intéressant même si quelques lacunes formelles ternissent l’ensemble de la présentation.
Pour autant, la scénographie, pensée sérieusement par l’équipe curatoriale, jouant sur les tonalités d’expression mais aussi les rencontres thématiques entre différentes œuvres et rompant avec la succession pure d’espaces de présentations par artistes donne une cadence agréable au parcours.
Plus propice à une réflexion d’ensemble et servant la sélection d’artistes plus resserrée (une quarantaine invitée), cette nouvelle édition offre un certain goût de l’époque qui, à défaut d’éblouir ou de submerger par son explosivité, offre un instantané d’une création contemporaine lisible et articulé.
On notera pour notre part de belles découvertes avec des œuvres décalées dont la truculence imprime, dans le parcours, de véritables brèches, chargées d’une malice et/ou d’une intelligence qui ne masquent pas leur profondeur.
Les maquettes absconses et truculentes de Jot Fau empilent des éléments épars pour créer des compositions légères et fragiles, empruntant dans une forme d’agencement qui pourrait évoquer l’artisanat traditionnel des récits liés à l’intimité d’autres
Signe Frederiksen, elle, emprunte la voie du surréalisme en détournant, dans ses collages, des images publicitaires auxquelles elle adjoint un détail qui en fait dérailler la portée globale et parvient surtout à donner une dimension dramatique et narrative aux mise en scène figées de la communication.
Avec ses tableaux conceptuels composés autour d’une formule interrogative, Juliette Green érige au rang de l’allégorie la réflexion personnelle et fait sortir la rumination conceptuelle de sa subjectivité pour s’emparer d’une fonction décorative et programmatique qui installe le doute et la remise en cause. Ainsi érigées dans l’espace, lettres et signes se font monument allégorique à visée d’ordonnancement conceptuel pour esprit distrait.
Les tapisseries de Juliette Vanwaterloo dépeignent avec un minimalisme assumé des fragments d’histoire, ici les stigmates de manifestations animées dont on lit les slogans aussi rageurs (ACAB) qu’encourageants. Une opposition inattendue avec son medium et sa pratique, forcément apaisée et méthodique qui redouble la valeur des symboles ainsi répétés et opposent à la simplification apparente de l’image la profondeur d’un réel marqué par une violence qui reste lisible.
66e Salon de Montrouge, du 13 octobre au 1er novembre 2022, Beffroi de Montrouge, Place Emile Cresp, 92120 Montrouge, entrée libre