100% L’Expo 2019 — La Villette
La Villette accueille la seconde édition de 100% L’Expo dans le cadre du Festival 100%. Cet événement, dédié aux jeunes diplômés d’écoles d’art souffle cette année encore un vent de fraîcheur sur la création contemporaine.
Une fois de plus, le concept séduit avec une multitude de projets qui trouvent dans la Grande Halle de La Villette un écrin de choix, où la lumière tamisée vient contrer le gigantisme du lieu pour offrir une déambulation à plusieurs niveaux aussi foisonnante qu’intimiste.
Moins imposante que leur l’édition précédente, la scénographie n’en est pas moins réussie avec un véritable souci, sinon de correspondances, à tout le moins d’affinités ou d’échos entre des œuvres qui s’enchaînent avec un goût certain de la mise en scène. Débordant les cadres de médiums définitivement dépassés par des pratiques qui en éprouvent la plasticité, les espaces d’exposition dédiés à chaque artiste se réinventent presque continuellement pour offrir un parcours au rythme soutenu et aux nombreux rebondissements. On pénètre ainsi des univers mélangeant dessin, peinture, sculpture, vidéo, science, photographie à l’envi pour découvrir autant de points de vue qui affirment tous, c’est assez rare pour le souligner, leur propre expressivité et leur propre personnalité. Car malgré une relative réduction de l’espace, La Villette a misé, avec son exposition principale, sur des créations aux identités fortes, maniant avec dextérité les codes de la représentation et désireuses d’en saisir la spécificité contemporaine par le biais de nouveaux langages. Verticalité, profondeur, frontalité et horizontalité dessinent des lignes éparses qui dirigent le regard et le retiennent au gré des propositions, sans impasse et sans temps morts. Un seul regret, la proposition titanesque de la Fémis avec près de quarante vidéos diffusées en sous-sol. Partant sans doute d’une volonté de justice dans l’exhaustivité, la projection en continu apparaît au final comme un handicap à la découverte, une journée suffirait à peine pour en découvrir la totalité.
Avec différents bonheurs bien entendu, les œuvres présentées témoignent d’une énergie en mouvement, paradoxalement aussi structurée (on sent la proximité des présentations d’examens finaux) que parcourue d’une fébrilité joyeuse de se réinventer à l’occasion de ce lancement sans filet dans l’arène d’un grand public qui trouvera là de nombreuses accroches et anicroches qui aiguiseront un peu plus son regard. Sur le monde comme sur les préoccupations des artistes qui résonnent, on s’en aperçoit, avec des enjeux sociétaux divers et souvent évoqués avec subtilité. Stigmates positifs d’artistes « conscients » mais néanmoins attentifs à ne pas lester leur pratique d’une lourdeur symbolique, préférant la discrétion d’une radicalité en amont que la bataille rangée derrière un étendard. Plus encore, on sent s’effacer (presque totalement) la tendance de ces dernières années à la mise en scène de soi qui, de l’auto-fiction, virait à l’autocélébration.
Contemporaine, appliquée et impliquée, cette initiative de La Villette séduit une fois de plus sur son fond comme sur sa forme, offrant un premier tremplin à large portée à une génération qui se prête à l’exercice avec un certain courage, armés uniquement des œuvres qu’ils ont produites et en première ligne face au public qui les découvre. Cette position instable, loin de réduire l’impact des propositions, semble au contraire libérer les énergies pour les jeunes artistes de saisir l’occasion et d’offrir des œuvres qui parlent pour elles et articulent, dès le premier regard qu’elles accueillent, leur propre langue.
Retrouvez ci-dessous une sélection de propositions de qualité, parmi les plus marquantes des œuvres présentées dans l’exposition :