
Benjamin Déguénon — Galerie Robert Vallois
Formé auprès de Dominique Zinkpé, l’artiste béninois Benjamin Déguénon (1982) élabore à la galerie Robert Vallois un bestiaire de chimères conjuguant spiritualité et fantaisie, marqué par le plaisir du geste de la création.
« Benjamin Déguénon — Le Traversé », Galerie Vallois du 6 février au 1 mars. En savoir plus Son exposition Le Traversé présente un ensemble de pièces de petits formats dont la variété et la somme de trouvailles enchantent et inquiètent, entre simplicité et profondeur. Du dessin à la céramique, les inventions de Déguénon retranscrivent la fertilité d’un imaginaire libre, qui conjugue les époques et les lieux avec pour fil conducteur un rapport essentiel à cette terre qu’il travaille, support de ses œuvres comme d’un monde qu’il habite, pétri de contradictions.Cette confrontation presque paradoxale qu’il se plaît à mettre en scène entre figures mythologiques et vie personnelle, entre éléments naturels et urbains n’est peut-être ainsi qu’une manière de mettre en lumière l’ambivalence d’un monde des rêves qui, s’il se rapporte à l’enfance, n’en camoufle pas les cicatrices ? Entre chaudes couleurs primaires, douceurs des matériaux et distorsions inquiétantes des expressions, les associations contre-nature d’organes et de machines succèdent aux représentations anthropomorphes évoquant ces greffons qui semblent définir notre nature multiple. Laissant l’interprétation ouverte, la multiplication des « soi » (quand il ne s’agit pas d’un empilement évoquant des épisodes tragiques de l’humanité) pose autant de questions que les « manques » qui les caractérisent.
Tantôt figurines colorées, tantôt supports au dessin d’autres figures, ses créations jouent des contrastes de la matière et de la forme pour illustrer des forces de vie toujours en tension aux dimensions mouvantes. Les diagonales se multiplient, comme si les troncs tentaient de s’arracher de leurs supports, les êtres de leurs siamois, pour affirmer leur vie possible.
Entre amputation et augmentation, entre manque et excès, le bestiaire de Déguénon retranscrit ainsi une vision à l’équilibre analogue à celui de l’imaginaire ; arrimé à l’esprit d’aventure et à l’intrépidité de la fantaisie pour dompter les vicissitudes du monde.