Daniel Arsham à la galerie Emmanuel Perrotin
Les souvenirs traumatiques de Daniel Arsham défilent sur les murs de la galerie Perrotin. Survivant d’un cyclone floridéen alors qu’il avait 11 ans, l’artiste contemporain met en scène un monde qui glisse. Une sublimation excessivement convaincante.
Sous ses yeux d’enfant, les murs sont tombés et avec eux, l’idée de l’immobilité du monde. De cette obsession de l’espace mouvant, directement liée à sa biographie, sont nées de somptueuses œuvres, prises dans des dilemmes de représentation, entre ordre et chaos. Arsham semble en effet hésiter entre la quiétude d’avant cataclysme et le tumulte de l’après. Ses cadres, vides, parfaitement disposés sonnent dans la première partie du parcours comme l’illustration d’un salon immuable et fantasmé, foyer bourgeois que rien ne pourrait venir troubler. Mais plus loin, le démenti est flagrant. Falling Clock, horloge murale commune, feint quant à elle de tomber, retenue, à la dernière minute, par les plis du mur.
Car chez Arsham, fatalement, les cloisons s’affaissent par paquets lisses vers le sol comme un rideau tomberait. Visuellement, l’artiste a su traduire les secousses par des jeux de plâtre qui recouvrent de loin l’apparence de draps. Prouesse technique qui atteint des sommets avec l’œuvre Hiding Figure, montrant un homme pris dans des voiles et plaqué de dos contre la paroi. Seules deux chaussures dépassent de cet ensemble vulnérable. Face à ce spectacle, le visiteur, s’il fait le choix de rester, imaginera l’agonie par suffocation du personnage, dont la forme se dessine très nettement sous la masse. Qu’il s’agisse de représentation de l’homme accablé par son destin ou plus particulièrement d’Arsham pousuivi par ses peurs, le dispositif fonctionne à merveille, jusqu’au claquement de dents.