Loris Gréaud à la galerie Yvon Lambert
Double actualité pour Loris Gréaud cet automne. Alors qu’il inaugurait avec un court métrage la nouvelle salle de cinéma MK2 récemment ouverte au sein du Grand Palais, l’artiste expose également à la galerie Yvon Lambert un ensemble d’œuvres en mouvement plongées dans la pénombre.
Extinction des feux. C’est dans le noir et les fumigènes que s’ouvre le parcours avec l’installation Frequency of an Image (2012), éclairée çà et là par quelques belles sources lumineuses aux teintes « chlorophyliques » qui convoquent l’imagerie d’une serre tropicale. En son milieu, un imposant arbre noir vrombit bruyamment. Ses branches actionnées par un moteur palpitent comme sous l’effet d’un vent violent ou d’une bête tapie et invisible qui ignorerait notre présence. Quelle est cette force menaçante ? Les tropiques noirs de Gréaud font frémir. Mais s’ils parviennent à mettre en scène la peur et créer d’inquiétants sursauts, ils peinent à éveiller réflexion ou émotion chez le visiteur. Dans une quasi indifférence, il passera sans doute son chemin.
Il faudra donc attendre la plus grande salle, immergée dans un noir très profond, et la projection du film The Unplayed Notes réalisé avec la collaboration de Marc Dorcel Productions, pour trouver plaisir. Gréaud frôle le génie dans cette vidéo mettant en scène un couple en plein ébat filmé grâce à une caméra thermique. À travers cette technique mise à disposition par le CNRS, la chair ressort blanche et compacte et les corps nus semblent faits de marbres. Entre fellations et orgasme explicite, les actes sont crus mais sublimes, et on assiste ébahis à une une mise en mouvement de vivantes statues. Ou le mariage de Rodin et de la pornographie sous un angle scientifique ; une réussite.