Retour à l’intime, la collection Setari à la maison rouge
Toute collection est une idée de l’art. Celle des Setari, ce couple italien qu’a à nouveau choisi d’inviter la maison rouge est délicate. Les choix qu’ils ont fait dessinent un penchant pour l’exact contraire du tapageur et du spéculatif. Tour de leur salon transposé à la Fondation Antoine de Galbert.
« Retour à l’intime, la collection giuliana et tommaso setari », La Maison Rouge du 20 octobre 2012 au 13 janvier 2013. En savoir plus Wall drawing, un dessin mural d’envergure de Sol Lewitt ouvre le parcours. Le ton d’une évidente et discrète beauté sera donné sous les traits de ce que l’on a l’habitude de comparer aux fresques de la Renaissance italienne, revues et corrigées par l’artiste conceptuel disparu en 2007. Le reste ne décevra pas, mais encore faudra-t-il ne pas le manquer. C’est le cas notamment des pigeons Turisti de Maurizio Cattelan, dont la discrétion dans le vestibule est telle qu’ils semblent volontairement soustraits au regard (à l’image de l’humilité des Setari). Plus imposante, l’installation Viaggio nell’eternità de Vettor Pisani invite quant à lui à un voyage symbolique dans un couloir bleu à l’étouffante exiguïté, au son, naturellement, du concerto pour la main gauche de Ravel, angoissant à lui seul. En son chemin, on rencontrera une poupée disposée la tête en bas, enfermée dans une pyramide de plastique, trop pointue pour être regardée sereinement en face. Cette poupée, qui a visiblement basculé du mauvais côté, reprend les codes de l’innocence détournée par l’horreur, hérisse la chair et ravive nos peurs archaïques.À cet égard, hasard ou nécessité, le parcours propose une sélection d’œuvres dont le caractère noir ou morbide est très prononcé. Les tombes de Sophie Calle et la croix de Jan Fabre ( Kruys ), disposés côte à côte, rappellent le vertige inconsolable des jours d’enterrements. Quant au corbeau noir de jais mailloté sous cape de Thierry De Cordier ( Crucifix ornithologique ), il semble être un épouvantail pour les humains. Décompression nécessaire, et note bien heureuse offerte à la lecture de la légende d’une œuvre de Gloria Friedmann Les Cosmonautes, Marguerite Yourcenar et Virginia Woolf, légende indispensable car les deux bustes de marbre n’offrent aucune ressemblance naturaliste avec les deux femmes écrivains. Bien disposé, il convient donc de l’être, pour ne pas tourner trop vite les talons face à une collection qui n’est rivée qu’avec parcimonie vers la gaieté et la plénitude tranquille de la vie.