Enoc Perez à la galerie Nathalie Obadia
C’est dans le nouvel espace de la galerie Nathalie Obadia rue du Bourg-Tibourg que l’artiste portoricain Enoc Perez rend un hommage pictural à l’architecture moderniste des années cinquante aux Etats-Unis. Une très émouvante réussite.
« Enoc Perez — Paris mon amour », Galerie Nathalie Obadia du 18 mai au 27 juillet 2013. En savoir plus Il faut d’abord saluer la méthode si particulière qu’a développée Enoc Perez pour ses huiles sur toile. Un processus qui confère à sa peinture un effet craquelé proche de ce que le crépis pourrait produire. Epaisseur et relief sont ainsi les traits de ses récentes créations (février 2013). Pour cela, Perez appose la peinture sur une immense surface de papier selon le dessin qu’il veut lui donner. Dans un second temps, il tamponne la toile où viendra se déposer cette matière dense, chargée. En séchant, son travail revêt quasiment l’apparence d’un bas relief. A la façon de certaines toiles d’Anselm Kiefer, celles d’Enoc Perez affichent également des couches consistantes où grouille un monde.Pourtant, il n’y a pas là l’ambition de créer un univers en trois dimensions, ni pour le regardeur de pouvoir s’échapper vers d’inlassables perspectives. Au contraire, l’opacité domine et il faut un certain temps pour identifier le sujet peint. Plus on s’en éloigne, plus celui-ci se devine, se découvre. Ici, il s’agit de bâtiments, d’hôtels désaffectés qui nous plongent directement dans l’âge d’or du tourisme de masse en Amérique dont l’artiste garde un souvenir ému, nostalgique en tout cas. L’hôtel Normandie, The New Versailles, Deauville… tels étaient les noms donnés dans les années 50 aux hôtels floridéens de Miami Beach. Face à ces images suspendues dans le temps, au caractère très photographiques (Enoc Perez se sert souvent de vieilles affiches ou
Face à ces images suspendues dans le temps, au caractère très photographiques (Enoc Perez se sert souvent de vieilles affiches ou d’anciennes cartes postales), le regard se perd dans des souvenirs qu’il voudrait avoir eus.
d’anciennes cartes postales), le regard se perd dans des souvenirs qu’il voudrait avoir eus. Les coulures, bavures et l’aspect gommé ou effacé de certaines de ses toiles sont là pour nous aider à toucher une certaine intuition de ce que fut cette période révolue.
Mais point de passéisme, il règne plutôt dans ce parcours une vision du rétro typographique et architectural à la fois juste et sensible. Une certaine idée du temps perdu.