Enrique Ramírez — Galerie Michel Rein
Pour sa première exposition monographique à la galerie Michel Rein, l’artiste chilien Enrique Ramírez (né en 1979) joue, jusqu’au 31 mai, de nombreux supports pour offrir une carte imaginaire du voyage.
« Enrique Ramírez — Cartografías para navegantes de tierra », Galerie Michel Rein du 5 avril au 31 mai 2014. En savoir plus Le voyage chez Enrique Ramírez n’est pas de tout repos. Social et politique, il ne relate pas les plaisirs simples des siestes au soleil de quelques congés payés. Sans relever de la photographie documentaire, ses images parlent d’un monde en crise, en mutation et, par extension (et par interprétation), des migrations climatologiques ou politiques. L’eau, omniprésente dans ses vidéos, images et installations, irrigue une réflexion sur l’exil choisi ou forcé. Barrière ou solution, la mer, dans son immensité, se présente à la fois comme un milieu hostile ou au contraire une voie de navigation ouverte. Promesse d’une vie autre, réconciliée. On pense évidemment aux migrants de Lampedusa, à ces radeaux de la méduse contemporains, rafiots perdus dans les eaux noires d’une incertitude glaçante. Mais aussi aux réfugiés climatiques qui devront bientôt migrer par centaine de milliers car leur terres seront demain englouties par la montée des eaux. Engagé, Enrique Ramírez évoque également de façon métaphorique les terres inconnues de l’imaginaire. En témoigne le titre de son exposition Cartographie pour marins sur terre qui sonne comme un oxymore.L’eau, omniprésente dans ses vidéos, images et installations, irrigue une réflexion sur l’exil choisi ou forcé.
On le sait bien, les marins ne naviguent pas sur la terre ferme, ils vont et viennent sur un monde instable, flottant par nature. Dans ses vidéos délicates toutes accompagnées de poèmes, Enrique Ramírez, dessine ainsi une géographie de l’ailleurs.
La vidéo Carte de vent est ainsi accompagnée de ce texte dans un style faussement naïf : « Je veux te raconter que je suis en train de construire une machine qui volera avec le vent et flottera sur la mer, dans le but de traverser le monde et de pouvoir le regarder depuis l’autre côté ». Gravée sur verre, la phrase a quelque chose de performatif, elle est une promesse que l’artiste lance avec sérieux. En utopiste, Enrique Ramírez a des rêves très graves.