Harry Gruyaert — Galerie Cinema
Inspiré par le cinéaste Michelangelo Antonioni, c’est tout naturellement que le photographe belge Harry Gruyaert expose à la galerie Cinema, récemment ouverte à Paris et dont la programmation est entièrement dédiée aux artistes qui entretiennent un lien avec le 7ème art.
« Harry Gruyaert — Hommage à Antonioni — Variations sous influence », Galerie cinema du 12 avril au 14 juin 2014. En savoir plus Pour ce parcours, intime, délicat et lumineux, le membre de l’agence Magnum (depuis 1981), montre à la fois sa vidéo Variations sous influence — extraits de films d’Antonioni mêlés à ses photographies personnelles, qui avait fait grand bruit lors de l’exposition L’image d’après à la Cinémathèque Française — ainsi qu’un large choix de photographies en couleur dont l’univers rappelle autant le néo-réalisme italien que les images de William Eggleston.Il plane en effet sur ses images tout l’esprit des films d’Antonioni ; dissolution de l’être dans de grands espaces, femme submergée par sa conscience, balade poétique de soi à soi, voyage intérieur qui engloutit les sens, paysages désertiques, solitude introspective… Le Désert Rouge, La Notte, L’Avventura… les plans de ces films ont été savamment digérés par Gruyaert et sont ici retranscrits et réinterprétés en deux dimensions, dans la même veine, dans ce même silence, moins quiet qu’il n’y paraît. Aussi, se demande-t-on devant tant de similitude et de connivence, si Harry Gruyaert n’a pas été photographe de plateau pour le cinéaste. Car dans ses tirages, on croit voir l’ombre de Monica Vitti et de Jeanne Moreau, respectivement Liddia et Valentina dans La Notte. Dans le hors-champ de l’imaginaire, tous les personnages qui peuplèrent ces chroniques de l’Italie des années 60 sont là, prêts à faire ressurgir avec eux un cinéma mythique et oublié. Jusqu’à ses couleurs-mêmes, douces et fortes aux contrastes rappelant les atmosphères de fin de journée caressée par quelque coucher de soleil. La lumière y est rasante, magnétique, presque coupante. Prête à décliner, elle envoie pourtant encore d’aveuglants rayons rouge et oranges.
Après les pionniers Joël Meyerowitz et William Eggleston, Harry Gruyaert a été le premier à pousser loin toutes les possibilités de la photographie couleur. Sous nos yeux, elle revêt ainsi une matière qui prête à l’image une âme et un mouvement. Certes, les photographies de Gruyaert ont beau être statiques, elles ont potentiellement en elles les qualités d’une image-mouvement.
Du mardi au samedi de 11h à 19h — Galerie Cinema, 26, Rue Saint-Claude, 75003 Paris, France