Hedy Lamarr, The Strange Woman — La Galerie, Noisy-le-Sec
La Galerie de Noisy-le-Sec présente une superbe exposition consacrée à la figure de Hedy Lamarr (1914-2000), actrice et égérie d’Hollywood, inventrice et artiste dont la vie nourrit aujourd’hui encore un imaginaire empreint de gloire et de décadence.
« Hedy Lamarr — The Strange Woman », La Galerie, centre d’art contemporain du 17 septembre 2022 au 21 janvier 2023. En savoir plus En germe depuis de nombreuses années dans l’esprit de la peintre Nina Childress qui a mené des recherches poussées autour de Hedy Lamarr et de sa pratique artistique, The Strange Woman invite douze autres artistes à s’emparer l’exposition parvient pourtant à conserver une véritable spontanéité, une légèreté qui se refuse à la dramatisation et permet de maintenir une belle ambiguïté. Entre figuration, répétition, détournement et connivence, les œuvres très différentes dessinent une constellation d’éléments qui font résonner l’histoire mouvementée de Lamarr autant que les symboles d’une époque qui découvre la communication de masse, le corps décrété modèle officiel d’une industrie de la représentation.C’est alors la fantaisie du double qui émerge au cœur même de la personnalité de Lamarr. Figure iconique d’un Hollywood en pleine construction de ses mythes, aussi manipulée par les désirs de producteurs tout-puissants que résolue à prendre en main les rênes de sa carrière et allant jusqu’à produire ses propres films, l’actrice est propulsée au rang de « plus belle femme du monde », actualisant au sein de la fonction artistique (l’interprétation) le statut esthétique. Un choc tectonique qui ne peut résister au passage du temps, celui qui marque le corps comme celui qui agite les goûts d’un public changeant.
L’époque, les modes de vie et les ornements apparaissent dans les œuvres ici présentées comme autant de stigmates dont la réunion, plutôt que concentrer le propos sur une voie univoque, parvient à imposer comme une constellation en mouvement. Une manière terriblement subtile de manier l’art du portrait en autant de variations émotionnelles qui témoigne de la force de la création artistique pour projeter, sur une histoire personnelle, une somme d’histoires singulières.
De cette polyphonie passionnante basée sur une personnalité marquante à la biographie étoffée, naît une tonalité fictionnelle délicate et sensible qui maintient l’aura quasi-mystique d’une telle multitude de talents et révèle, autant qu’elle en préserve l’intimité, la profondeur d’une personnalité.
Un jeu sur la crête qui n’est pas sans évoquer la belle ambiguïté des œuvres de Nina Childress et répète, d’une certaine manière, ce geste essentiel à sa peinture, s’approchant au plus près de son sujet pour en faire vibrer la complexité profonde, l’impossible fixation par la représentation. Le paysage total sous les lignes d’un portrait nécessairement partiel.