Neves Torres, sans titre, 2011, huile sur toile
Collection Galeria Estação, São Paulo © Neves Torres. Photo © João Liberato Exposition Histoires de voir, Show and Tell, Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris
Histoires de voir à la fondation Cartier
2 - Bien
Critique
Critique
Le 11 juillet 2012 — Par P. B.-H.
« Histoires de voir — Show and Tell », Fondation Cartier pour l’art contemporain du 15 mai au 21 octobre 2012.
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« Montrer que la simplicité est belle. » Fidèle au mot de Neves Torres, la scénographie d’Alessandro Mendini fusionne plusieurs beautés : beauté de la couleur-matière, fouie comme la terre ou les entrailles de bêtes, et celle de l’imaginaire, où s’expriment tous les mythes. L’art singulier y atteint la lumière de cosmogonies explosives. En chamanes, des artistes venus du Congo, de l’Inde, du Japon lisent le visible et saisissent à vif, envoûtantes, les forces du monde. Animaux, végétations et vents : ces formes sont celles de la pensée magique. Elles fournissent ici la partition vitale à un univers animiste. Leurs danses, leurs transes, leurs éclats sont l’écho d’une tradition sacrée. Souffle des entités qui y croissent et s’y ramifient, l’espace de la fondation Cartier
entre lui-même en vibration.
La vie, prise dans un tissu d’analogies, s’y déploie en nappes fluides et rayonnements, en profusions de signes et de gestations sourdes. Elle vrille, palpite, parfois lovée au creux de sculptures totémiques. Elle luit dans la paillette qui jette ses feux parmi les drapeaux vaudous, peaux lumineuses et grenues. Elle perce dans la ténuité de nervures, ou encore dans le babil de l’Amazonie brésilienne. Car tout chuinte. Tout chante.
Les dessins huni kui font une musique semée de résonances panthéistes, dont le registre s’étend des rumeurs de la roche aux « airs de la liane nixi pae. »
Dérive et cartographie du regard, sentier suspendu partant de l’élan naïf, Histoires de voir signe un commissariat sincère, qui avive des ruisseaux de mémoire charriant les éblouissements de l’enfance ou d’icônes enfouies. Et l’oeil, leste, suit ces marges et entrelacs tressés dans l’inconnu.