Life is a Bed of Roses (un roman) — Fondation Ricard
La fondation Ricard présente, avec Life is a Bed of Roses (un roman), un projet réalisé en coopération avec les artistes et étudiants du Master Arts Visuels de l’ECAL. Dans cette aventure centrée autour du film d’Alain Resnais, La vie est un roman, Stéphanie Moisdon, à l’origine de la proposition tisse avec les œuvres un parcours narratif ténu tentant à son tour, comme le comte Forbek, héros du film, de poursuivre la quête du bonheur permanent.
« Life is a Bed of Roses (un roman) », Fondation d’entreprise Pernod Ricard du 27 mai au 4 juillet 2015. En savoir plus Ouvrant sur un générique laissant apparaître en filigrane les plans du film, l’exposition met en lumière les thème principaux du film ; de l’éducation avec cette invitation faite à des étudiants d’intervenir dans l’espace à l’organisation du colloque activé ici par « L’École de Stéphanie », un projet initié en 2006 lors de la première triennale de Paris jusqu’à l’utopie d’un lieu isolé du monde (le château du Comte Forbek).On trouve ainsi dans ce parcours une maquette intrigante faite de strates qui figure cet espace imaginaire au sein duquel un nouveau monde est à reconstruire. Face à elle, une image d’un décor de science-fiction désolé témoigne tout aussi bien de l’échec que d’une possible renaissance à venir. Entre mélancolie et espoir, Life is a Bed of Roses (un roman) souligne les paradoxes et use de l’utopie pour en célébrer l’essentielle mélancolie. À l’image de son titre, une vie comme un lit de roses, aussi bien métaphore d’une délicatesse soyeuse qu’évocation d’une existence indissociable de son (épineux) lit de mort…
En face, une structure en plexiglas découpe le mur en prenant des allures de décor fantaisiste dans un esprit très proche des installations théâtrales propres au cinéma de Resnais. Dessinant un horizon minimaliste de chapelles, tours et autres façades, cette cage transparente recèle une multitude d’objets et d’images qui sont autant de pièces d’un puzzle mental brillamment mis en valeur par la scénographie les faisant osciller entre fétiches secrets et « ready-made » aléatoires.
L’esprit emmêlé par ces pistes imaginaires, où les objets se révèlent avoir plusieurs faces, le visiteur pénètre une dernière salle destinée à recevoir « L’École de Stéphanie », un module d’interventions d’artistes et critiques invités à mutualiser et transmettre leur savoir en s’affranchissant des traditions hiérarchiques1. Dans cet espace réalisé par Pierre Joseph, la moquette bleue électrique répond aux tirages de photographies bancales de vitraux. Les perspectives brisées et les cadres aléatoires de ces images font de cette salle une réussite conceptuelle où la solennité des icônes le dispute au kitsch de salles de conférences impersonnelles.
Avec humour donc et une certaine retenue, Life is a Bed of Roses (un roman) fait de la fondation Ricard un écrin narratif et intrigant à une relecture du conte moderne d’Alain Resnais autant qu’à une réactivation de son utopie, confiante dans sa jeunesse comme dans l’éternelle jeunesse de l’invention.
1 L’école de Stéphanie se déroulera du 2 au 4 juillet, jeudi et vendredi à partir de 15h et samedi à partir de 16h avec : Philippe Azoury, Daniel Baumann, Jérome Bel, Mehdi Belhaj Kacem, Nicolas Bourriaud, François Cusset, Tristan Garcia, Dominique Gonzalez-Foerster, Mélanie Matranga, Charles de Meaux, Lili Reynaud-Dewar, Jean-Jacques Schuhl, Arnaud Viviant.