Mapuche — Musée de l’Homme
Le Musée de l’Homme s’ouvre au peuple Mapuche du Chili avec une exposition courte et dense qui revient sur l’histoire et le présent de ce peuple américain autochtone victime des colonisations successives. Résistants aux Incas comme ils résisteront aux conquistadors au XVIe siècle, les Mapuche, autrefois connus comme Araucans ont perdu au fil des siècles près de 90% de leur territoire.
« Mapuche — Voyage en terre Lafkenche », Musée de l'Homme du 18 janvier au 23 avril 2017. En savoir plus Aujourd’hui, cette population décimée continue pourtant à préserver ses traditions en ne s’abstrayant pas du monde et montant même au front des luttes sociales et écologiques de notre temps. Loin des enjeux politiques qui continuent de rythmer l’actualité de cette population en lutte, c’est leur relation à la flore et au sol est au cœur de ce projet initiée par le collectif Ritual Inhabitual et le musée de l’Homme qui, à cette occasion, a mandaté une équipe de recherche afin de constituer un herbier qui témoigne des spécificités géographiques et sociales de ce « peuple de la terre », sens originel du terme Mapuche. De leurs propriétés à leurs usages et les symboles qu’elles véhiculent, les plantes constituent ainsi une entrée inattendue et passionnante dans une enquête anthropologique qui fait sens.À travers de magnifiques photographies utilisant la technique de collodion humide sur plaque de verre, le collectif Ritual Inhabitual offre un tableau saisissant et sombre de l’histoire de ce peuple mais aussi de son inscription dans le présent et dans une société mondialisée. Procédé largement employé dans les expéditions ethnographiques du XIXe siècle, la photographie au collodion humide exige une préparation minutieuse sur le terrain qui entraîne une temporalité plus longue que l’instantané, offrant un écho au développement sur la durée de la végétation et des marqueurs ethnographiques. Témoignages, fragments de lettres et conversations, des membres de ce peuple, du jeune rappeur au chamanes, rendent compte de leurs expériences et de leur présent avec une simplicité et un rapport direct, offrant une perspective sur les évolutions de la population et les rapports qu’entretiennent jeunes et anciens.
On regrette cependant que la lutte politique que mène ce peuple depuis tant d’années à l’encontre des gouvernements du Chili et de l’Argentine longtemps restés sourds aux revendications soit si peu audible. Une perspective qui aurait donné une profondeur supplémentaire à cette exposition qui a néanmoins le mérite d’offrir pour la première fois en France un accès et une voix à ce peuple séculaire pluriel et passionnant.